Collectif culture du PCF

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Nicolas Monquaut, secrétaire général CGT-Culture de juin 2004 à octobre 2010

 
 
 
 

Revenons encore ce soir, quelques instants, sur la crise extrêmement grave que traverse actuellement le ministère de la culture. Revenons sur les luttes – belles mais ô combien difficiles - que mènent depuis 4 ans les personnels et leurs organisations syndicales contre sa dislocation annoncée.

Les composantes du Front de gauche ont régulièrement, assidûment même, soutenu et relayé ces luttes. Chacun se souvient, en particulier, de la manifestation 25 juin 2009 sous les fenêtres du ministère (le lendemain même de la nomination de Frédéric Mitterrand) durant laquelle vos principaux représentants ont pris tour à tour la parole. N'oublions pas aussi, ce jour là, la présence à nos côtés de responsables du parti socialiste, venus avec vous, avec nous tous, dénoncer les assauts brutaux de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement contre les politiques publiques de la culture.

La culture est un bien commun, l'espace public des rencontres, du dialogue, de la mise en partage de toutes les diversités de l'activité, de la créativité, des expériences, des valeurs et des représentations humaines. Elle réalise le « nous », elle est le « vivre ensemble », notre appartenance et notre participation à un monde commun, à sa transformation.

La société se grandit toute entière de l'épanouissement, de l'émancipation de chacun. Indiscutablement, la culture constitue un investissement pour l'avenir d'un pays et d'une société.

La culture est un droit fondamental. C'est, par essence, une responsabilité publique.

Continuons donc à nous mobiliser, ne lâchons rien, pour qu'elle obtienne toute la place qu'elle mérite dans le débat public.

« La culture peut bien se passer de politiques et de moyens publics » clament en cœur ceux qui ne considèrent l'action publique que comme une dépense et jamais comme une source de richesse.

Cela n'a pas été le choix de la France où les politiques de la culture, les investissements publics, les dispositifs publics (notamment pour soutenir la création et sa diffusion) et les principes de mutualisation des fonds ont peut-être été poussés le plus loin.

Rappelons-le encore et encore, sans désarmer, alors que nous sortons de célébrer les 50 ans du ministère de la culture, même s'il n'est évidemment pas le seul à œuvrer sur ces enjeux, les collectivités territoriales participant grandement à cette bataille de tous les instants.

Au ministère de la culture, la grande offensive a été lancée fin 2007 via la RGPP, la Régression généralisée des politiques publiques.

Réduction drastique des moyens d'intervention et de fonctionnement (en particulier des effectifs), externalisations, abandon de missions, privatisation des activités les plus rentables, aucune mesure nocive n'est laissée de côté pour tourner la page de l'État opérateur culturel, et de son engagement historique en matière de soutien à la création, de promotion de la diversité culturelle, d'aménagement culturel du territoire, de préservation et de présentation du patrimoine pour son appropriation par le plus grand nombre.

La logique gestionnaire du privé, purement comptable et financière, la marchandisation, la monétarisation des prestations, la précarité des personnels viennent aujourd'hui contaminer, malgré nos très fortes résistances, tous les secteurs du ministère, et même bien au delà. Le gouvernement prône, dans le contexte de la très grave crise économique mondiale que nous traversons (cherchez l'erreur !), une très nette augmentation des financements privés de la culture. Dans le même temps, il entend soumettre la création, les opérateurs culturels comme l'ensemble des missions et activités du ministère à des obligations de performance et de résultats : une conception utilitaire de la culture, de la pensée, de l'art et de la création, un raisonnement de très court terme, et redoutablement dangereux, aboutissant à progressivement se défaire de tout ce qui n'est pas considéré comme immédiatement utile.

C'est aujourd'hui l'intégrité même du ministère de la culture qui est directement menacée si nous ne parvenons pas à arrêter le bras des casseurs. Rien ne saurait justifier cette politique, et certainement pas les prétendues économies budgétaires recherchées, dont tout le monde s'accorde à dire qu'elles sont totalement dérisoires.

De contenus et d'ambition culturels, il n'a jamais été question tout au long de la mise en œuvre chaotique, pilotée par des officines privées, de la RGPP : c'est de notoriété publique ! Seul importait pour Christine Albanel, et aujourd'hui Frédéric Mitterrand, comme pour les dirigeants qui les ont entourés de tailler à la serpe dans les effectifs et de réduire en proportion les missions et les structures qui les servent.

L'idée que la culture ne saurait échapper à la cure d'austérité budgétaire, conjuguée au dogme du « moins d'État », conduit aujourd'hui celui-ci à recentrer ses moyens sur quelques institutions, quelques équipements et grandes opérations, abandonnant aux collectivités locales la responsabilité de financer les actions auxquelles il n'estime plus devoir apporter son concours, au risque évident de renforcer encore les inégalités territoriales.

Mais c'est pudiquement oublier qu'en ce domaine l'effort des collectivités dans leur ensemble – communes, communautés d'agglomérations, départements, régions – qui n'a jamais cessé de croître, est aujourd'hui particulièrement conséquent, la contribution de l'État au financement public de la culture n'excédant pas aujourd'hui 15 à 20 %. C'est aussi feindre de ne pas voir que l'augmentation du périmètre de leurs compétences et des charges pesant sur leur budget ne laisse plus guère de marge. Enfin, cela revient à nier qu'en matière d'équité de traitement à l'échelle de la Nation, de solidarité et de recul des inégalités, de péréquation et d'aménagement du territoire, l'État conserve, dans le domaine de la culture comme dans beaucoup d'autres, un rôle irremplaçable à jouer.

Voilà tout ce contre quoi luttent depuis des années les personnels de la Culture et leurs organisations syndicales.

Défendre le ministère de la culture, cet acquis essentiel pour toute la Nation, exiger qu'il se renforce et se développe au service de toute la population ne nous fait pas cependant oublier que beaucoup reste encore à faire pour dépasser les limites que son histoire et sa construction, et parfois un manque de vision, lui ont fixées.

Les politiques publiques de la culture, leur organisation doivent évidemment être ré-interrogées. Mais exigeons aussi une véritable démocratisation de la décision, du contrôle et de l'évaluation des politiques et financements publics associant réellement les citoyens comme l'ensemble des « acteurs », au sens large, de la culture.

A la RGPP, il urgent d'opposer, et d'obtenir une Relance générale des politiques publiques, le Plan de relance que la culture mérite !

La construction d'un autre monde passe aussi par ce combat, porté tous ensemble !

 

 

La culture est un bien commun, l'espace public des rencontres, du dialogue, de la mise en partage de toutes les diversités de l'activité, de la créativité, des expériences, des valeurs et des représentations humaines. Elle réalise le « nous », elle est le « vivre ensemble », notre appartenance et notre participation à un monde commun, à sa transformation.

La société se grandit toute entière de l'épanouissement, de l'émancipation de chacun. Indiscutablement, la culture constitue un investissement pour l'avenir d'un pays et d'une société.

La culture est un droit fondamental. C'est, par essence, une responsabilité publique.

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