Collectif culture du PCF

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Judith Depaule, metteuse en scène, directrice artistique de la compagnie Mabel Octobre

 
 
 
 

Pour un programme politique culturel ambitieux

La crise et les restrictions budgétaires frappant de plein fouet, les compagnies (et, à travers elles, les artistes) sont devenues la variable d’ajustement du spectacle vivant, victime d’une volonté politique de casse délibérée. Elles subissent des attaques multiples : baisse des subventions de fonctionnement ou des aides ponctuelles, réduction des moyens de production, étranglement des réseaux de diffusion, disparition des aides à l’exportation, restriction des crédits de médiation culturelle et de formation, remise en cause du système spécifique d’assurance chômage des intermittents du spectacle…

Ces dysfonctionnements affaiblissent l’autonomie artistique des compagnies, réduisent leur puissance de création et d’innovation, attaquent leur rôle et leur définition. Or, les compagnies occupent une place majeure et primordiale dans le paysage structurel du spectacle vivant. Elles sont force de proposition, de production et de transmission. Elles constituent un élément essentiel du maillage territorial de l’accès démocratique à la culture pour tous. Elles assurent la vitalité artistique des lieux culturels, qui doivent avant tout être des outils de création et de résidence pour les artistes. Elles font preuve d’innovation, d’intuition culturelle et sociale, d’audace territoriale.

Dans le foisonnement culturel français, il n’y a pas, comme on peut bien souvent l’entendre, trop d’artistes, trop de compagnies ou trop de projets. Il n’y a pas assez de moyens pour mettre en œuvre une politique ambitieuse à la hauteur de ce dynamisme. On ne cesse de nous répéter que c’est la crise, mais il y a de l’argent, la question étant de savoir ce qu’on en fait. En préalable à toute réforme, le budget de la culture nécessite donc une véritable augmentation de l’engagement de l’État comme des collectivités territoriales, un plan de développement du spectacle vivant. Ce plan de développement n’est pas dissociable de l’écriture d’une loi d’orientation pour préciser la place de l’art et de la culture dans la société, comme il n’est pas dissociable d’une nouvelle étape de la décentralisation. De même, ce plan de développement doit refuser définitivement la création d’agences d’inspiration britannique comme on en a vu récemment une tentative désastreuse avec le 
« conseil de la création », fraîchement dissous, au profit d’un ministère de la Culture fort et engagé.

Il ne peut y avoir de culture sans droits sociaux. Toutes ces mesures doivent s’accompagner de la pérennisation du système spécifique d’assurance chômage des intermittents du spectacle et de l’application d’un protocole d’assurance chômage juste et mutualiste, en adéquation avec la réalité de nos métiers (il existe d’ailleurs une proposition de loi parlementaire écrite par un comité de suivi au sein de l’Assemblée nationale en 2004). Il est nécessaire aussi de veiller au maintien d’un système mutualisé au titre des congés payés pour les salariés intermittents.

Dans le domaine de la structuration des compagnies, de la production et de la diffusion de leurs créations, il faut réaffirmer et renforcer un certain nombre de mesures déjà existantes en les rendant plus ambitieuses qu’elles ne sont aujourd’hui. Au cours de leur structuration, les compagnies, tous secteurs confondus, doivent recevoir différentes aides des partenaires publics – État et collectivités territoria
les –, accompagnant leur développement artistique et la pérennité de leur structure. Il est important de renforcer le rôle des compagnies conventionnées et de leur permettre, dans une idée de mutualisation et de transmission, moyennant une aide spécifique, d’accompagner le projet d’un autre artiste ou d’une autre équipe. Il faut accorder une attention toute spécifique aux compagnies dotées d’un lieu de diffusion qui interviennent dans le paysage institutionnel en complémentarité du réseau labellisé.

Toute réflexion portant sur le spectacle vivant doit se recentrer sur la création et sur ses moyens de production. Il convient, pour ce faire, de restaurer l’ensemble des ressources des structures culturelles, afin que ces dernières puissent être force de production, et de revaloriser considérablement les parts de production. Il convient également de réaffirmer l’extrême nécessité de lieux de résidence de création et de recherche. Et enfin de systématiser l’association d’une ou plusieurs compagnies à chaque structure culturelle existante.

En termes de diffusion, il faut nettement renforcer la circulation d’un réseau à l’autre, d’un territoire à l’autre, par un suivi systématique du travail des compagnies et de leurs œuvres, favoriser les aides à la reprise et les séries. Toutes ces mesures ne prennent sens que dans le cadre d’un plan de développement et d’un programme politique culturel réellement ambitieux.

 

Dans le foisonnement culturel français, il n’y a pas, comme on peut bien souvent l’entendre, trop d’artistes, trop de compagnies ou trop de projets. Il n’y a pas assez de moyens pour mettre en œuvre une politique ambitieuse à la hauteur de ce dynamisme. On ne cesse de nous répéter que c’est la crise, mais il y a de l’argent, la question étant de savoir ce qu’on en fait. En préalable à toute réforme, le budget de la culture nécessite donc une véritable augmentation de l’engagement de l’État comme des collectivités territoriales, un plan de développement du spectacle vivant. Ce plan de développement n’est pas dissociable de l’écriture d’une loi d’orientation pour préciser la place de l’art et de la culture dans la société, comme il n’est pas dissociable d’une nouvelle étape de la décentralisation.