Collectif culture du PCF

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Cyrille Hrouda, directeur artistique de l'association Atraverses, initiateur et animateur d'ateliers d'une pratique théâtrale interculturelle

 
 
 
 

Je voudrais commencer mon propos en citant un auteur grec que j'avais entendu dans un documentaire à la télévision. Plus le temps passe, mieux je comprends la justesse de son propos.

Il disait qu'un capitalisme sans limites et sans règles et qui rend les humains dépourvus de conscience, fonctionne comme une religion avec un seul Dieu au centre de tout : l'argent. Il rajoutait que cette religion, à la différence de celles que nous connaissions jusqu’alors, nous retire la possibilité  de connaître notre fragilité, notre condition de mortel, elle nous donne l'illusion que nous pourrions être immortel, et finalement elle nous empêche de nous représenter la condition tragique de notre existence.

Ce système fou empêche du même coup chacun d’entre nous d’avoir de la compassion et de l’indulgence d'abord vis à vis de lui même et pour son semblable. En revanche il produit de l'individualisme et un narcissisme sans limite, des individus ayant une image d’eux-mêmes disproportionnée mais jamais heureux parce que rendus incapables de créer des liens authentiques et enrichissants avec autrui.

Je dois vous dire que ce soir je suis inquiet. L'élection présidentielle est dans un an. Parce que je suis militant du PG, je me réjouis de toutes les initiatives militantes du Front de Gauche car le militantisme politique est indispensable pour tenter de dépasser la résignation et pour construire les bases d'un projet politique véritablement alternatif et ambitieux. Pour autant je perçois aussi les limites de ce militantisme. 

A mon sens, dans le prolongement de l'action politique, nous avons besoin d'une pratique artistique qui pourrait donner à chaque citoyen les clés qui lui manquent pour comprendre combien il peut être acteur de sa propre vie et contribuer à changer le cours des choses. Il s'agit d'une action artistique permettant de (re)créer du lien et de la compréhension entre les uns et les autres, donc créatrice de sens. C'est ce type d'expérience artistique à laquelle j'ai eu la chance de participer lorsque j'ai joué en 1997 dans le film de cinéma ADOS AMOR. Ce film s'est réalisé à partir d'ateliers d'écriture et de pratique théâtrale mis en œuvre par Zarina Khan auprès d'adolescents du Blanc-Mesnil. Je suis sorti transformé de cette expérience qui a été pour moi une occasion unique de comprendre que j'avais un rôle à tenter de jouer dans la société et m'a incité à m'engager par la suite dans la politique c'est à dire à m'impliquer dans la chose publique.  

J'observe avec tristesse qu'en raison notamment des diminutions voir des suppressions des budget de  culture, mais aussi parce que la conscience de ce qui relève de l'intérêt général se perd progressivement, ce type d'actions artistiques militantes est encore plus rare qu'auparavant. 

Nous consacrons cette soirée pour tenter de répondre à une question très intéressante ; "Quel nouveau projet culturel pour la gauche ?", mais nous le savons une victoire de la gauche reste hypothétique. A mon sens, il ne faut pas attendre que cette hypothèse devienne réalité pour concrétiser l'action artistique que l'on estime être la plus importante. Elle doit pouvoir se réaliser dès maintenant.

Il serait donc pertinent que le Front de Gauche s'engage clairement à encourager et à aider en priorité la réalisation d'actions ambitieuses de notre point de vue parce qu'assumant un rôle d'éducation populaire. Je finirai mon propos juste pour signaler qu'à l'heure où les élites sont bien souvent pointés du doigt à cause de leur déconnexion avec la réalité de ce qui est durement vécu dans les milieux populaires, nous devons nous mettre d'accord sur ce qui de notre point de vue relevé de l'élite. Je propose une définition.

Et si dans cette période chaotique, l'élite véritable était constituée d'abord par celles et ceux qui malgrè les contraintes (notamment financières mais pas seulement), de par leurs pratiques éducatives et culturelles, continuent à donner l'occasion à des citoyens de développer leurs esprit critique et de faire grandir leur conscience de ce qui est de l'ordre de l'intérêt général?

 

Et si dans cette période chaotique, l'élite véritable était constituée d'abord par celles et ceux qui malgrè les contraintes (notamment financières mais pas seulement), de par leurs pratiques éducatives et culturelles, continuent à donner l'occasion à des citoyens de développer leurs esprit critique et de faire grandir leur conscience de ce qui est de l'ordre de l'intérêt général?