Collectif culture du PCF

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Forum pour la culture au Grand Parquet à Paris / Compte rendu

 
 
 
 

L’Humanité - article du 4 mai 2011 / La culture, premier grand chantier du Front de gauche

Beaucoup de monde lundi soir au Grand Parquet à Paris pour parler culture, art et création. Interventions, interrogations, action : la culture au cœur des enjeux de la présidentielle. Premier acte qui précède de futurs « ateliers législatifs ».

L’ambiance était à la réflexion et à la convivialité. La mise en scène de ce premier chantier lancé par le Front de gauche afin 
d’« élaborer ensemble un nouveau projet culturel de gauche » évitait les face-à-face de courtoisie, dessinant les contours d’un débat interactif entre prises de parole annoncées et d’autres plus spontanées qui ont permis aux idées de s’enrichir des réflexions des uns et des autres. Parmi l’assistance, Pierre Laurent, Christian Picquet, Jean-Luc Mélenchon. Aucun des trois n’a fait de la figuration. Chacun s’est singularisé dans une même volonté de faire front sur le sujet qui, pour les trois, sera un enjeu majeur des campagnes à venir.

Une nouvelle utopie

Alors, « un Front de gauche pour l’art et la culture », selon les mots d’Alain Hayot, ça pourrait être quoi ? Une nouvelle dynamique. Une nouvelle utopie. Une nouvelle attention aux créateurs. Une nouvelle façon d’être spectateur, spect’acteur pour ne plus être consommateur. « Être joyeux. Ne pas être incantatoire, savant, jeune ou vieux, dogmatique. Être actif », affirme Nicolas Frize. « Retrouver le plaisir de la lutte, partager des idées, faire des tours complets, une révolution, quoi », lui rétorque du tac-au-tac, dans un numéro de duettiste improvisé, Gérard Paris-Clavel. « Toute politique culturelle aujourd’hui est pensée en fonction du chiffre », dit la réalisatrice Mariana Otéro. Au cinéma, au théâtre, au musée. « Il existe une politique culturelle de droite : celle du marché », poursuit Leïla Cukierman. « Le capitalisme fonctionne comme une religion et l’argent est son nouveau dieu », précise un autre. « Je n’ai rien à demander. Je n’ai pas envie de témoigner. J’ai envie de crier, de partager, de rêver, de réfléchir », dit un architecte venu d’Auxerre.

Le constat est partagé. Que ce soit sur le sort réservé aux compagnies de spectacle vivant (Judith Depaule), la précarisation des artistes plasticiens (Gilles Fromenteil), la déroute annoncée des enseignements artistiques (Edgard Garcia), le démantèlement systématique des services du ministère de la Culture au nom de la RGPP (Nicolas Monquaut). Alors, si tout le monde s’accorde sur la faillite du capitalisme, « pourquoi une alternative politique est-elle aussi difficile à construire ? » lance Fabien Barontini, directeur du festival Sons d’hiver. C’est bien là la question. Pierre Laurent s’y colle. « La culture est partie prenante de ce que nous avons à construire avec le Front de gauche. Il s’agit de refonder un projet à gauche. Il y a dans le pays une disponibilité à agir qui cohabite avec beaucoup d’impuissance. » Dont acte. Prendre le taureau par les cornes. Retrousser les manches. Et parce que écouter ne suffit plus, entendre, mesurer les aspirations, les propositions qui viennent des créateurs, des acteurs culturels. Les attentes sont grandes. Et les désillusions n’ont pas manqué de marquer les esprits ces dernières années. Le Parti socialiste, jamais cité lundi soir, ne s’est guère illustré dans son nouveau futur programme sur des propositions offensives en ce domaine. Tout n’est pas à réinventer, à recommencer. Tout est à inventer. Les interventions étaient pragmatiques, sérieuses, parfois techniques mais toutes mues par une même volonté de créer une véritable alternative à gauche.

Réconciliation humaine

Ce premier chantier qui s’inscrit dans la mise en place d’ateliers législatifs témoigne d’un échange vrai, de propositions encore à trouver, à ajuster, pour éviter la démagogie ou l’évidence trompeuse. Le Front de gauche sera culturel ou ne sera pas. Ainsi Mélenchon parle-t-il de ce chantier d’avenir qui aura pour « tâche la réconciliation humaine qui permettrait à tous de se regarder comme des semblables. Ce serait la matrice d’une politique culturelle de gauche ». En matière d’aide à la création, de soutien sans faille aux créateurs, d’ambition culturelle, de revitalisation d’un grand service public de la culture, d’enseignement artistique, de mutualisation des aides, des structures, d’éducation populaire, bref, comme dirait l’ami Bernard Lubat, 
« ce n’est qu’un débat, continuons le début ».

De très nombreux invités

Parmi les présents : Gilles Fromonteil, Agnès Tricoire, Judith Depaule, Mariana Otero, Zmorda Chkimi, Nicolas Frize, Gérard Paris-Clavel, Emmanuel Vire, Jack Ralite, Marcel Trillat, 
Bernard Bloch, Jacques Rebotier, Michaël Batz, François 
Grosjean, directeur des lieux, qui a lancé : « Essayons d’organiser le monde à venir ! » en guise de bienvenue.

Marie-José Sirach 

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Bienvenus au Grand Parquet, né des vertus de l’imaginaire. Le Grand Parquet espére que ses vertus peuvent inspirer le monde politique. C’est entre les deux fonctions humaines les plus importantes, l’imaginaire et l’organisation du monde que nous essayons de développer notre exercice au travers de créations pures, larges, avec une diversité de publics. C’est ce que nous faisons depuis cinq ans, et nous en avons beaucoup de satisfaction.

Maintenant, essayons d’organiser le monde à venir... Bonne soirée.

François Grosjean, directeur du Grand Parquet

Le diaporama

Photographies de Stéphane Burlot