Collectif culture du PCF

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Septèmes-les-Vallons. Noël Arménien

le 05 janvier 2016

Université populaire du Pays d’Aubagne. Histoire de l'économie politique

le 05 janvier 2016

Lycée Joliot-Curie
Aubagne

Mardi 2 février à 18h30

Conférence de ​Renato Di Ruzza.

Culture. Le théâtre planche sur les trois coups d’un nouveau départ

le 02 janvier 2016

Culture. Le théâtre planche sur les trois coups d’un nouveau départ

Ariane Ascaride était à l’affiche du théâtre de la Comédie pour clore 2015. Menacé de fermeture, une autre solution est évoquée pour sauver le lieu.

Avec toutes les incertitudes et soubresauts qui agitent le théâtre de la Comédie de Marseille (TCM) quant à son avenir, on en oublierait presque que c’est un avant tout un lieu culturel qui propose de nombreux spectacles tout au long de l’année dans un quartier, celui de Saint-Pierre, plutôt dépourvu en la matière. Une offre éclectique, entre théâtre, bien sûr, mais aussi rencontre, mime, danse ou concert.

Voire lecture, comme il y a dix jours, où Ariane Ascaride est venue lire une partie de « La conquête de Marsègue », un roman écrit par son frère, Gilles Ascaride. Ton juste et enjoué, la célèbre comédienne a su, pendant une bonne heure, tenir en haleine la salle, où aucune place n’était vacante. « On aurait pu remplir deux théâtres », se félicite Jean-Pascal Mouthier, le directeur du TCM, qui réfléchit à « développer ces formes modestes de mises en scène dont les artistes apprécient la simplicité ».

Vers une forte baisse du loyer

Des moments de satisfaction et d’allégresse partagée que Jean-Pascal Mouthier savoure, les sachant rares. Car l’épée de Damoclès d’une fermeture plane toujours sur la tête du directeur du théâtre, qu’il a rouvert en mai 2013 après une dizaine d’année d’âpres travaux. « Ce lieu ne vit que grâce à la détermination d’un seul homme, que je vous demande d’applaudir, de soutenir et d’encourager », a d’ailleurs rendu hommage Ariane Ascaride, à l’issue de sa représentation. Depuis plus d’un an, le TCM est sous la menace d’une expulsion par son propriétaire, le diocèse de Marseille, si un accord pérenne n’est pas trouvé pour le règlement de loyers et de la dette accumulée.

Après encore une année passée riche en ascenseur émotionnel, Jean-Pascal Mouthier espère enfin être tiré d’affaire, tout en restant très prudent tant que rien n’est officiellement acté : le diocèse accepterait une très large diminution de loyer avec annulation partielle de la dette, qui est aujourd’hui de près de 70.000 euros.

Longtemps envisagée, l’hypothèse d’une municipalisation du théâtre ne devrait pas se faire. « Quand on l’a appris, cela a été un nouveau coup de massue, mais Bruno Gilles [Sénateur-Maire LR du 4-5 et soutien du théâtre] n’a pas lâché le morceau et a œuvré auprès du diocèse pour aboutir à un accord, je lui tire un grand coup de chapeau », confesse Jean-Pascal Mouthier. La seule subvention allouée au théâtre, à savoir 30.000 euros issus de la réserve parlementaire de Bruno Gilles, tomberait en revanche sur le compte du diocèse, condition sine qua non pour passer l’éponge sur la dette et repartir sur de nouvelles bases. « Ce serait une issue tout à fait positive », estime le directeur du TCM. Qui ne veut plus de ce type de coup de théâtre.

Florent De Corbier (La Marseillaise du 2 janvier 2016)

Infos sur www.theatremarseille.fr.

Commémoration du 110ème anniversaire de la mort de Louise Michel

le 23 décembre 2015

Martigues. Dernières décisions avant la métropole et un peu de culture

le 16 décembre 2015

Martigues. Dernières décisions avant la métropole et un peu de culture

L’ultime Conseil municipal de l’année s’est déroulé lundi, avec 83 questions à l’ordre du jour.

On l’a déjà dit, ce dernier Conseil de l’année était copieux, avec 83 questions, et stratégique : la municipalité veut protéger (voire mettre à l’abri) tout ce qui peut l’être avant la mise en place de la métropole, qui devrait intervenir dans 15 jours. C’est ainsi qu’elle a « municipalisé » l’ancienne SPL « Destination Martigues » qui a pour objectif d’œuvrer à de nouvelles perspectives touristiques.

Elle a aussi réintégré dans son giron une partie des locaux de la Maison de la formation qu’elle avait mis à la disposition de la CAPM dans la cadre de sa compétence « Insertion, emploi, formation ». Ils accueilleront prochainement le service Jeunesse. Le conseil a approuvé la vente par la ville de 12 parcelles de terrain à la société de portage Sopavim, pour un montant total de 11.556.440 euros (selon l’estimation domaniale).

Il s’agit pour la commune de garder la main sur le foncier et favoriser sur le long terme des opérations de logement individuels ou collectifs accessibles et de qualité. L’aménagement et le développement économique étant en revanche de la compétence de la communauté d’agglomération et dans peu de temps, du Conseil de territoire, la ville vend à la CAPM plus de 390.000 m2 de terrains en zone UE ou zone 1 AUE, situés dans la ZAC Ecopolis et destinés uniquement à des usages commerciaux. La transaction est fixée à 3.908.350 euros HT (soit 10 euros le m2 selon l’estimation domaniale).

Le budget 2016 ne sera voté qu’en mars, les avances sur subvention pour des associations sportives ou culturelles, le CCAS, le théâtre des Salins, ont été validées afin d’éviter des ruptures dans leur trésorerie.

Le rapport écrit des représentants du Conseil municipal au sein du CA de la Semovim a fourni à Gaby Charroux l’occasion d’une mise au point contre des « rumeurs pré-électorales » : « Non, les élus, donc le Maire, ne touchent pas des dividendes des SPL ! Non, la ville, donc le Maire, ne vendra pas le camping de l’Arquet et les chalets de l’Hippocampe. Il faut arrêter de croire en vos rêves ! Les SPL c’est 100% d’actions publiques ! ». La question a été adoptée à l’unanimité.

Le musée Ziem est régulièrement approché pour le prêt d’œuvre.

Cette fois-ci, c’est une huile sur toile de la peintre Marie Bashkirtseff, « Jeune femme à la plume bleue » qui rejoindra la ville de Vernon et son festival « Normandie Impressionniste ».

L’exposition se déroulera du 16 avril au 26 septembre 2016 avec pour thème cette année « Portraits de femmes ». Née en Ukraine (dans l’empire russe) en 1858, Marie Bashkirtseff aura connu une vie courte mais intense (elle meurt à Paris à 25 ans de la tuberculose). Peintre et féministe, elle est autant connue pour ses tableaux que pour son journal, notamment sa correspondance avec Guy de Maupassant.

Cette toile, qui a été léguée au musée Ziem au moment de sa création, est donc une pièce remarquable tant par le travail sur la couleur, le modelé du visage, les matières textiles, que par le témoignage qu’il reste de cette artiste, une partie des ses œuvres ayant été détruites par les nazis durant la seconde guerre mondiale.

Nathalie Pioch  (La Marseillaise, le 16 décembre 2015)

Raif Badawi lauréat du prix Sakharov 2015 : un symbole pour toute une région

le 16 décembre 2015

Raif Badawi lauréat du prix Sakharov 2015 : un symbole pour toute une région
Communiqué de Marie-Christine Vergiat
Députée du Parlement européen, Groupe GUE/NGL

Le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit a été décerné aujourd'hui au blogueur Raif Badawi pour son combat en faveur de la liberté de pensée en Arabie saoudite.

Condamné en 2012 à une peine de 10 ans de prison et à 1000 coups de fouet pour avoir publié « des propos blasphématoires » puisqu'il refusait la pensée unique et osait critiquer le régime en place, Raif Badawi est toujours emprisonné et c'est donc son épouse Ensaf Haidar qui a reçu le prix en son nom aujourd'hui à Strasbourg.

Dans un pays extrêmement répressif, où nulle parole libre est tolérée, "Raif a eu le courage de faire entendre sa voix et de dire non à leur barbarie : c'est la raison pour laquelle ils l'ont fouetté", a-t-elle ainsi déclaré. "C'est un libre penseur, un esprit libre dans un pays où sévit la pensée unique." Si les séances de flagellation sont actuellement suspendues, Raif Badawi a récemment été déplacé vers une prison plus isolée et a démarré une grève de la faim la semaine dernière en guise de protestation. 

Son cas est emblématique de la répression que subissent les athées, les femmes, les minorités et tous ceux qui ne se retrouvent pas dans un système verrouillé, en Arabie Saoudite mais aussi dans les États théocratiques de la région.

La GUE/NGL appelle à sa libération immédiate et sans condition, ainsi qu'à celles de Ashraf Fayadh et Ali Mohammed al-Nimr, respectivement poète condamné à mort pour apostasie et neveu d'une figure chiite de la contestation condamné à la crucifixion.

Nous continuerons à nous battre sans répit pour la libération de toutes celles et tous ceux qui sont réprimés dans le monde pour défendre la liberté de parole dans le monde.

Rencontre autour de l’ouvrage de Robert "Rock" Rossi. « Léo Taxil (1854-1907) »

le 16 décembre 2015

Rencontre autour de l’ouvrage de Robert
Maison de la Région
61, La Canebière
13001 - Marseille

Jeudi 14 janvier à 19h

« Léo Taxil, du journalisme anticlérical à la mystification transcendant » (Quartiers Nord Éditions, 826 pages).

Sur Arte. "Nu parmi les loups"

le 14 décembre 2015

Sur Arte

Lundi 14 décembre à 22h25

Rediffusion vendredi 18 décembre à 2h05

Des prisonniers détenus à Buchenwald découvrent un enfant juif dans une valise et décident de le cacher... Réalisé en 1963, ce film de la Defa, les studios de cinéma est-allemands, est une adaptation d’un roman de Bruno Apitz qui relatait un fait authentique. Avec Erwin Geschonneck et Armin Mueller-Stahl.

Buchenwald. Les prisonniers du camp de concentration veulent encore croire à la fin de la guerre et à l’écroulement du national-socialisme. Certains préparent même la libération du camp au sein d'un comité secret. Un événement inattendu vient bouleverser le quotidien : dans une valise, des détenus découvrent un petit enfant juif. Que faire ? La décision de le cacher pour le soustraire aux SS redonne sens à la vie des prisonniers, parcelle d’espoir dans un univers de terreur.

Résister à Buchenwald

Ce film est une adaptation d’un roman de Bruno Apitz qui relatait un fait authentique. L'auteur avait passé lui-même huit années au camp de Buchenwald, et la mise en scène de Frank Beyer respecte l’esprit de l’œuvre, une étude nuancée de la psychologie des bourreaux et des victimes. Le comédien Erwin Geschonneck donne au personnage principal de Krämer, le chef du mouvement de résistance à l’intérieur du camp, une dimension et une aura hors du commun.

 

 

Olivier Py. « Ne pas entrouvrir la porte »

le 12 décembre 2015

Olivier Py. « Ne pas entrouvrir la porte »

Le directeur du Festival d’Avignon lance un nouvel appel à faire barrage à l’extrême droite demain. Lui, l’homme de gauche, ira voter Christian Estrosi.

Ses appels à lutter contre le Front national à travers l’action culturelle sont connus. Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon, avait même menacé de quitter la Cité des Papes si, en 2014, l’extrême droite avait ravi la ville. Cette bataille-là avait été gagnée. Une autre reste à mener d’ici demain. Homme de gauche, il appelle toutefois à voter Christian Estrosi demain. Avec au moins une détermination intacte à ne pas laisser l’extrême droite diriger une collectivité territoriale. Entretien.

La Marseillaise. Comment le directeur du Festival d’Avignon, qui a consacré l’édition 2015 à « L’Autre », a-t-il réagi dimanche soir à l’annonce des résultats du 1er tour des élections régionales ?

Olivier Py. Comme beaucoup de Français, je me suis demandé comment nous en étions arrivés là ! Les causes sont profondes. C’est au-delà de ce que je pouvais imaginer. Les Français ne se rendent pas compte de la machine qu’ils sont en train de mettre en route uniquement en mettant un bulletin de vote avec le nom d’un membre de la famille Le Pen inscrit dessus.

La Marseillaise. Selon vous, aujourd’hui, quelle est la priorité, l’urgence ?

Olivier Py. Pour la région Provence-Alpes- Côte d’Azur, le message est très simple selon moi : il y a une seule chose à faire c’est voter Christian Estrosi. Même si, comme moi, on est une personne de gauche.

La Marseillaise. Aux municipales de 2014, alors que le Front national menaçait de ravir la ville d’Avignon, vous vous étiez engagé en évoquant l’idée que le Festival quitte la Cité des Papes. Peine perdue ?

Olivier Py. Ce n’est pas tout à fait la même chose qu’aux municipales. Quand j’ai dit non au FN, pas de compromis, ni de compromission, je me suis un peu retrouvé seul… Depuis, il y a eu en plus les élections départementales où le FN a réalisé une autre poussée. Alors oui, un temps, Nicolas Sarkozy a réussi à canaliser des voix pour lui. Mais aujourd’hui, les partis politiques semblent affaiblis. Ils ont une responsabilité dans cette crise, cet effondrement. Sans parler des conséquences des attentats du 13 novembre.

La Marseillaise. La question peut sembler banale. Mais que peut la culture dans une telle situation ?

Olivier Py. La culture peut. Mais la culture ne peut pas tout. Je considère que la culture et l’éducation national doivent donner une réponse. Alors certes, cela n’empêchera pas des fous de prendre des mitraillettes pour tuer des gens. Mais ce sera déjà une réponse donnée, si la culture et l’éducation s’engagent. Selon moi, cette poussée de l’ex- trême droite n’est pas seulement due aux attentats du 13 novembre à Paris. Cela correspond à 30 ans d’abêtissement des années télé-réalité.

La Marseillaise. Une victoire de l’extrême droite dimanche porterait-elle un sérieux coup au secteur culturel ?

Olivier Py. Oui. Pas uniquement à la culture d’ailleurs. J’entends parfois dire : essayons-les 5 ans et on verra plus tard. Je dis non, non, non ! Il ne faut pas ouvrir, même entrouvrir la porte au Front national. C’est tellement facile de détruire une institution et si lent, ensuite, à la reconstruire. Je suis certain qu’une grande partie de la culture ne s’en remettrait pas. Ce serait comme un arrêt de mort. Je ne veux, en aucun cas, prendre la responsabilité d’une telle situation, comme certains le font avec le bulletin blanc, ce qui ne servirait pas. Dimanche il faut convaincre l’électorat de gauche. Au soir du premier tour, Christian Estrosi a donné quelques garanties et a eu des mots assez durs contre le Front national. J’estime qu’il a été clair en disant qu’il n’incarnera pas une porosité de la droite vers le FN.

Propos recueillis par Sébastien Madau (La Marseillaise, le 12 décembre 2015)

Alain Chouraqui. « Il suffit d’une majorité passive et divisée... »

le 12 décembre 2015

Alain Chouraqui. « Il suffit d’une majorité passive et divisée... »

Le livre « Pour résister », dirigé par le président d’honneur de la Fondation du camp des Milles, ausculte le processus de basculement dans la barbarie raciste.

« Je crois important de mettre en avant quelques leçons de l’histoire expliquées au camp des Milles et qui sont transparentes pour aujourd’hui », confie d’emblée Alain Chouraqui, directeur de recherches au CNRS, qui publie sous sa direction et sous l’autorité du Conseil scientifique de la Fondation du camp des Milles, le livre Pour résister à l’engrenage des extrémismes, des racismes et de l’antisémitisme(*).

« Un des objectifs d’origine des fondateurs du Mémorial était d’être utile au présent, d’en faire un outil de compréhension et de vigilance pour aujourd’hui. Nous avons constaté que beaucoup de mémoriaux ou de cérémonies étaient trop exclusivement tournés vers le passé. Même si on entendait ''plus jamais ça !", on n’avançait pas vraiment sur "comment faire ?" »

La Marseillaise. Vous faites une distinction entre « la mémoire révérence » et « la mémoire référence ». Pouvez-vous l’expliciter ?

Alain Chouraqui. Cela veut dire deux choses : ne nous contentons pas de rappeler l’histoire en pensant que, même tragique, elle suffirait à empêcher le retour des horreurs racistes et fascistes. Et essayons de comprendre les dérives de cette histoire en nous appuyant aussi sur d’autres disciplines comme la sociologie, la psycho-sociologie, la science politique, la philosophie afin de mieux connaître les mécanismes individuels, collectifs, institutionnels qui ont pu mener au pire et peuvent encore y mener. Douze années de recherches scientifiques pluridisciplinaires ont permis de décortiquer ces mécanismes et de les présenter au sein du site mémorial du camp des Milles comme dans notre ouvrage. Ils ne sont pas liés uniquement à la Shoah, à une période, à un génocide en particulier, car nous avons élargi le regard à d’autres génocides du XXe siècle pour en valider une analyse universelle, qui parle donc aussi de l’homme d’aujourd’hui. Le livre reproduit et approfondit les analyses qui ont permis de repérer ces mécanismes et parmi ces mécanismes, certains paraissent particulièrement utiles à la compréhension aujourd’hui. Les extrémismes nationalistes, racistes mais aussi religieux que l’on voit remonter se nourrissent les uns les autres. Nous avons accéléré la date de parution de ce livre car il y a eu beaucoup de demandes de la part de visiteurs du camp des Milles. C’est un livre que nous avons voulu extrêmement pédagogique avec des schémas, des illustrations, des cas concrets pour que ce soit largement accessible.

La Marseillaise. Certains documents ou films présentés au camp des Milles décrivent les engrenages qui conduisent au pire. Pouvez- vous les expliquer et montrer en quoi ils sont opérants pour comprendre la situation actuelle ?

Alain Chouraqui. Parmi les mécanismes utiles pour aujourd’hui, il y a le fait que les racismes, l’antisémitisme, la xénophobie ont un potentiel explosif et contagieux dans toute société. Lorsqu’ils l’emportent, le passionnel prend le dessus sur la raison qui est la condition du dialogue démocratique. Ce racisme est l’aliment d’un engrenage qui peut mener très rapidement de simples préjugés à des massacres de masse. Cela peut se produire y compris lorsqu’il n’y a qu’une minorité de la population qui nourrit cet engrenage en aspirant à un ordre autoritaire et xénophobe qui aboutit d’ailleurs le plus souvent à des conflits et des désordres. Hitler arrive au pouvoir avec 33% des électeurs seulement parce que la majorité qui n’était pas nazie était divisée, en particulier les socialistes et les communistes, pour « d’excellentes raisons » qu’ils se donnaient les uns les autres, mais aussi les démocrates chrétiens. La majorité du peuple n’a pas pu s’unir pour faire contrepoids à la minorité. Il suffit d’une majorité passive ou divisée pour que cet engrenage opère : plus le rassemblement de cette majorité divisée tarde, plus les résistances tardent et moins elles sont efficaces.

La Marseillaise. Le parallèle entre la situation actuelle et les années 1930 est souvent effectué. Vous paraît-il fondé ?

Alain Chouraqui. Je crois que ce parallèle est fondé malgré ses limites. Beaucoup d’éléments conjoncturels sont certes différents : ce ne sont pas les mêmes personnes, les mêmes partis etc., mais ces éléments sont secondaires par rapport à l’essentiel qui repose sur certaines tendances fondamentales d’une société. Toute société confrontée à des crises économiques, morales, sociales produit des minorités qui se crispent, notamment quand il y a perte, ou recherche, de repères identitaires. Cela entraîne des mécanismes de boucs émissaires et d’exclusion de ceux qui n’entrent pas dans les critères, c’est le fondement de l’engrenage.

Propos recueillis par Jean-François Arnichand (La Marseillaise, le 12 décembre 2015)

(*) Paru aux éditions du Cherche Midi. Prologue de Simone Veil.

Accès gratuit au site mémorial

Depuis hier et jusqu’à demain, le site mémorial du camp des Milles ouvre ses portes gratuitement au public. Une initiative qui fait suite à beaucoup d’autres, engagées dans la foulée des attentats de janvier et tournées vers la réflexion contre les racismes et les extrémismes : en février, la visite du Premier ministre, Manuel Valls, en présence de jeunes des quartiers prioritaires ; puis le Forum national démocratie, mémoires et vigilance, qui a rassemblé les Présidents des grandes organisations antiracistes ; en octobre, l’inauguration d’une chaire de l’Unesco « éducation à la citoyenneté, sciences de l’homme et convergence des mémoires », par le Président Hollande ; le 29 novembre, la signature de la déclaration nationale inter-religieuse pour la fraternité et contre les extrémismes…

L’accès gratuit du site pendant 2 jours s’inscrit dans cette logique de transmission de « clés » visant à comprendre « comment des idées xénophobes (…) et les crispations identitaires peuvent conduire notre société au pire », dixit le communiqué informant de la démarche. Un acte politique ? « On fait un acte politique en permanence ici, au sens noble du terme », nuance Cyprien Fonvielle, directeur du mémorial du camp des Milles, « l’éducation et la culture permettent aux sociétés de grandir et dans l’éducation et la culture, il y a l’Histoire et la mémoire. Elles doivent nous permettre d’éviter que les moments extrêmes qu’ont vécu les sociétés, se reproduisent. L’Histoire peut éclairer le présent. Toutes les sociétés se sont constituées pour protéger les individus qui la composent et dans des périodes de tension, de crise économique, sociale, de crise morale forte, l’équilibre de ces sociétés peut vaciller, les peurs peuvent entraîner les citoyens à remettre en cause les démocraties dans lesquelles ils exercent leurs droits et leurs devoirs. »

Bien sûr, « certains visiteurs veulent comprendre pourquoi spécifiquement dans cette période, on a pris cette initiative. Mais la plupart ont compris que nous participons à la vie démocratique. On n’est pas en train de se projeter ou d’analyser l’actualité, mais on ramène l’Histoire vers le présent, pour rappeler ce à quoi elle sert. » Et pour que les citoyens réalisent leur devoir « de la façon la plus éclairée possible », le camp apporte les éléments de réflexion nécessaires à la compréhension des mécanismes ayant conduit au pire. Mais loin de l’actualité qui ne saurait justifier seule cette démarche, la gratuité est surtout une occasion de découvrir un lieu essentiel où la flamme de la mémoire ne s’éteindra jamais.

Sabrina Guintini (La Marseillaise, le 12 décembre 2015)