Collectif culture du PCF

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Pascal Posado. Le parcours exemplaire d’un résistant dans l’âme

le 24 November 2015

Pascal Posado. Le parcours exemplaire d’un résistant dans l’âme

Mémoire. « La passion du Marseille populaire », un film consacré à la vie militante de Pascal Posado, qui se confond avec le caractère rebelle de la cité phocéenne. Une belle leçon d’humanité.

Marseille la frondeuse. La rebelle. Bien loin des clichés de la ville du grand banditisme, Borsalino en tête et mitraillette au poing. Non, le Marseille que Pascal Posado a au cœur, c’est celui des ouvriers, des travailleurs du Port, des quartiers Nord et de la résistance. L’histoire de la vie de ce petit fils d’immigrés espagnols, « des migrants économiques », dit-il dès les premières images du film qui lui a été consacré et qu’il aime à présenter comme une œuvre collective. « Le sociologue Paul Bouffartigue, directeur de recherche au CNRS, Gérard Leidet, co-Président de Provence mémoire et monde ouvrier et Jean-Christophe Besset, cinéaste, tous trois à l’origine et auteurs de ce travail ». Un beau travail de mémoire pour brosser un portrait émouvant du militant communiste et d’une ville qui au final se confondent.

Une histoire du mouvement ouvrier

« Ma vie personnelle et publique, les mérites que certains ont bien voulu m’accorder et les manques que j’essaie de percevoir et corriger n’ont pis de sens que parce qu’ils étaient inscrits dans une histoire plus large, une histoire collective, celle du mouvement ouvrier marqués par les communistes si nombreux et si divers par leurs parcours, leurs origines, dans le creuset inépuisable du Marseille populaire », écrit-il dans la préface du petit livre qui accompagne le film. Une histoire du mouvement ouvrier du 20ème siècle « où Pascal Posado occupe une place à part », écrivent Paul Bouffartigue et Gérard Leidet. Pendant près d’un demi-siècle, du Front populaire au tout début des années 80, ce film retrace une vie militante d’un jeune métallurgiste, devenu « révolutionnaire professionnel ». Un jeune homme à la, politisation précoce, fruit peut-être de ces années du Front populaire et de la guerre d’Espagne qui « ont marqué son enfance et son imaginaire social ». Du plus jeune délégué municipal à la Libération de la ville, de sa formation à l’école centrale du Parti communiste français, de son rôle sur la prise de conscience sur les enjeux de la gestion des villes, à sa fonction de premier maire des quartiers Nord pour une impulsion très nette de l’environnement de ces quartiers désormais abandonnés… Un bien beau parcours que ce film vous invite à (re)découvrir.A l’heure des élections régionales, à consommer sans modération.

En vente à la librairie de Noël de la Fédération du PCF , les 27, 28 et 29 novembre, 280, rue de Lyon, 13015

Gérard Lanux (La Marseillaise, le 24 novembre 2015)

Martigues. Mineurs, cheminots et autres visages du mouvement ouvrier

le 24 November 2015

Martigues. Mineurs, cheminots et autres visages du mouvement ouvrier

Festival. La deuxième édition de « J’ai une gueule d’industrie, et alors ? » se tiendra durant quatre jours à Martigues.

Le festival « J’ai une gueule d’industrie… et alors ? » va vivre sa deuxième édition à partir de demain et jusqu’au 28 novembre. Quatre jours de projections de films (fiction et documentaires) et de débats qui se termineront samedi par un colloque à la salle du Grès sur le thème « Un jour ils ont dit non ». Celui-ci réunira des avocats, syndicalistes, experts économiques du cabinet Cidecos, des élu(e)s (Henri Cambessedes, Nathalie Lefebvre, Gérard Frau)… De 9h à 12h et de 14h à 18h, toutes les luttes emblématiques de ces dernières années (Fralib, Moulins Maurel, Nexcis, Total La Mède, Kem One, Saint-Louis Sucre, Arkéma, ex-Pilpa de Carcassonne…) y seront évoquées par des syndicalistes comme Christophe Barbier (ex-Pilpa, ne pas confondre avec l’autre), Olivier Leberquier (Scop TI, ex-Fralib), Fabien Cros (Total), Philippe Lemarchand (Kem One), Christian Pantoustier (Asco Industrie)…

Le Député Gaby Charroux présentera également le « Livre blanc de l’industrie » qui détaille les pistes de maintien et de développement de l’industrie sur le bassin de Martigues-Golfe de Fos.

Ce deuxième festival du film documentaire des luttes débutera demain au Cinéma Jean-Renoir avec une soirée consacrée aux mineurs, de France et de Grande-Bretagne. Les films de « Ciné Archives » partiront sur les traces du quotidien des mineurs des Cévennes avec « Ma Jeanette et mes copains » ou de « La Grande lutte des mineurs » tandis que Pride du réalisateur anglais Matthew Warchus explorera un aspect méconnu du combat de l’été 1984 qui opposa le Syndicat national des mineurs à Margaret Thatcher : le soutien apporté aux familles de mineurs par un groupe d’activistes gay.

Histoire des cheminots et 70 ans de la « Sécu »

Jeudi, à partir de 16h à la salle du Grès, « Histoires de cheminots » abordera la riche histoire des travailleurs du rail, de 1938 à 2015, avec « Sur les routes d’acier » de Boris Peskine, un film commandé par la C.G.T… et soutenu par l’État (on est à l’époque du Front populaire) et le récent documentaire de Gilles Balbastre (que l’on ne présente plus), « Vérités et mensonges sur la SNCF ». Le festival proposera aussi les projections du film de Maurice Failevic « 200.000 regards » (2008) et d’un documentaire réalisé par un cheminot cinéaste amateur, Dominique Maugars. Des hommes véritables évoque les batailles sociales et politiques dans un atelier de réparation de matériel ferroviaire, à Tours.

Chaque journée de ce deuxième festival étant thématique, celle de vendredi sera consacrée au 70ème anniversaire de la Sécurité sociale, avec notamment une conférence vidéo à laquelle prendront part le journaliste Michel Étiévent, fin connaisseur de l’œuvre d’Ambroise Croizat et de l’histoire de la « Sécu » et la petite-fille de l’ancien Ministre communiste, Liliane Croizat. Cette journée se terminera par la projection du nouveau film de Gilles Perret, La Sociale. Le documentariste est l’auteur des remarquables « Walter », « retour en résistance » et « Les jours heureux ».

Jean-François-Arnichand (La Marseillaise, le 24 novembre 2015)

(*) Mercredi à 18h30 au Renoir : films, débat plus buffet. (Tarif unique : 7 euros)

"Le parfum de la terre" Younès Guenad

le 24 November 2015

Au théâtre Toursky
16, promenade Léo Ferré
13003 - Marseille

Mardi 24 novembre à 15h

Lecture du texte "Le parfum de la terre" de l'auteur Younès Guenad,

Débat. « La résistance n’est pas un concept passéiste »

le 23 November 2015

Débat. « La résistance n’est pas un concept passéiste »

L’association Résister aujourd’hui organise une rencontre, mercredi, au théâtre Toursky sur les femmes en résistance d’hier et d’aujourd’hui.

Après s’être penchée l’an passé sur le travail, l’association Résister aujourd’hui place les femmes au cœur de sa grande soirée-débat annuelle au théâtre Toursky ce mercredi. Autour du thème « Femmes en résistance d’hier et aujourd’hui », « nous avons fait le choix d’inviter 6 belles figures de femmes, engagées les unes et les autres certes sur des chantiers différents mais défendant les mêmes valeurs de solidarité et de fraternité », indique Catherine Piat, Présidente de cette association créée en 1994 par d’anciens résistants pour lutter contre les dérives des idées d’extrême droite et conserver l’esprit du CNR (conseil national de la résistance).

Outre la Présidente, fille et petite fille de résistants déportés, Marie-Jo Chombard de Lauwe, déportée à Ravensbrück et Présidente de la fondation pour la mémoire de la déportation sera à la tribune, en compagnie de Mireille Mavrides, Présidente de Femmes solidaires Marseille et Elsa Di Méo, Conseillère régionale PS, élue à Fréjus et engagée contre le racisme. Le débat aura des accents internationaux avec les présences de Maria Al Abdeh, franco-syrienne qui a créé une association pour que les femmes syriennes s’insèrent dans la société et Nazilla Guarrigues, médecin d’origine iranienne investie auprès des migrants à Calais.

Pour Résister aujourd’hui, cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la journée contre les violences faites aux femmes mais sonne aussi comme un enjeu politique à deux semaines des élections régionales. « Nous sommes inquiets », livre Catherine Piat. « Tout est là, crise, chômage, désespérance, pour que l’histoire se répète ». « Nos anciens n’auraient pas aimé savoir qu’autant de citoyens s’abstiennent ou votent pour un parti antirépublicain qui cherche plus à diviser qu’à rassembler, qui mise sur la peur », déplore-t-elle.

D’où la nécessité aujourd’hui de résister sous diverses formes. « On veut montrer que le concept de résistance n’est pas passéiste ou obsolète et que la défense d’une société plus humaine et sociale est un combat qui continue face au démantèlement du modèle du CNR », conclut Catherine Piat.

La Marseillaise, le 23 novembre 2015

Le Marseille populaire du XX° siècle

le 22 November 2015

Au siège du journal La Marseillaise
Place d'Estienne d'Orves
Marseille

Jeudi 26 novembre de 9h à 12h

Gérard Leidet et Bernard Régaudiat de l'association Promémo seront heureux de vous accueillir afin de recueillir archives et témoignages les documents que possèdent les marseillais pour réaliser un livre intitulé  le Marseille populaire du XX° siècle.

Livre initié par les éditions de L’Atelier, La Marseillaise et  l’association Promemo. Ce projet vise à restituer par le témoignage et par l’image. Les premières séances de collecte ont déjà permis de recueillir d’intéressantes pièces et d’établir de fructueux contacts.

Pays de Martigues. L’industrie, mémoire et présent

le 21 November 2015

Pays de Martigues. L’industrie, mémoire et présent

La subvention accordée au festival « J’ai une gueule d’industrie » en débat au Conseil communautaire.

D’ordinaire plutôt calme et consensuel, le Conseil communautaire qui s’est tenu jeudi soir a été agité par une question (sur la vingtaine de dossiers examinés) : celle de l’attribution d’une subvention exceptionnelle à l’association Plus belles les luttes qui organisera, avec la Ville de Martigues et la CAPM, la deuxième édition du festival « J’ai une gueule d’industrie, et alors ? » du 25 au 28 novembre au cinéma Jean-Renoir et à la salle du Grès. « Cette association a pris son envol lors de Marseille-Provence 2013 avec l’exposition "J’ai une gueule d’industrie" », précisait le Président de la CAPM, Henri Cambessedes, en proposant le vote d’une subvention de 40.000 euros pour cet événement qui comprendra des projections de films documentaires, des débats, un colloque intitulé « Un jour ils ont dit non » le samedi…

S’il s’est déclaré « sensible à ces questions » de par ses origines familiales, l’élu UDI de Port-de-Bouc, Stéphane Didero a relevé parmi les intervenants invités les noms, entre autres, d’un « Maire communiste de l’Eure et d’Olivier Mateu ». (sic) « La question que je me pose c’est : est-ce qu’il n’ y a pas un mélange des genres avec une récupération politique ? », relevait-il en se prononçant « contre le principe de cette subvention ».

L’élu FN Emmanuel Fouquart n’a pas tardé à lui emboîter le pas sur le mode « on va subventionner un festival qui a un but politique et partisan qui rend cette subvention illégale » (re-sic). « Je vous renvoie à la convention qui mentionne un réalisateur anglais [celui du film Pride, Matthew Warchus, NDLR] qui n’est ni au PCF, ni à la CGT », soulignait Henri Cambessedes. « Compte tenu du montant évoqué et du peu d’informations que nous avons, le Groupe socialiste s’abstiendra », relevait pour sa part Sophie Degioanni. Abstention également pour la Maire (SE) de Saint-Mitre, Béatrice Aliphat, même si elle a « trouvé la première exposition intéressante ».

Clivages politiques

Rappelant que les débats de ces journées étaient ouverts à tout le monde, Gaby Charroux évoquait le sauvetage d’Ascométal à Fos et le rôle joué « par les salariés et leurs organisations, diverses ». En outre, le 8 décembre, le Député-Maire présentera au Ministre Emmanuel Macron les propositions du Livre blanc de l’industrie conçu avec Plus belles les luttes. « Rares sont les gens de droite qui s’intéressent à la culture ouvrière », constatait Patricia Fernandez-Pédinielli, Maire PCF de Port-de-Bouc, tandis que l’élu martégal Florian Salazar-Martin (PCF) notait que « ceux qui ont dit "non" ne recoupent pas tout l’éventail politique, nous sommes souvent bien seuls à côté des salariés, sur Total par exemple nous aimerions être rejoints dans ces préoccupations ».

Initialement à l’ordre du jour, le débat d’orientation budgétaire a été reporté au prochain Conseil, le 4 décembre.

Par ailleurs, les élus communautaires ont adopté plusieurs conventions de coopération triennales avec diverses associations : Chantiers du Pays de Martigues, Association Point formation, Association pour l’insertion et l’emploi du Pays de Martigues-Côte bleue, Appart, Initiative Pays de Martigues. Cette dernière qui permet à des créateurs de TPE de mener à bien leur projet (avec un prêt et un tutorat) bénéficiera d’une subvention de 45.000 euros.

Jean-François Arnichand (La Marseillaise, le 21 novembre 2015)

Moïra Chappedelaine-Vautier. « une subjectivité assumée qui fait l'œuvre »

le 17 November 2015

Moïra Chappedelaine-Vautier. « une subjectivité assumée qui fait l'œuvre »

La fille du réalisateur de « avoir 20 ans dans les Aurès » participe à la rétrospective consacrée à René Vautier. Elle accompagne des sujets toujours d’actualité. Entretien.

Entre deux projections suivies de débats à La Ciotat, Moïra Chappedelaine-Vautier, productrice et réalisatrice, revient sur le parcours de son père, la censure et l’auto-censure et les difficultés, hier comme aujourd’hui de tourner et de diffuser des documentaires.

La Marseillaise. Vous accompagnez actuellement les films de René Vautier dans le cadre de cette rétrospective, est-ce indispensable ?

Moïra Chappedelaine-Vautier. Oui, car ses films suscitent débat, il n’y a pas de difficulté à les remettre dans le contexte, mais c’est fondamental. C’est aussi en fonction du public, soit en expliquant le contexte, soit la résonance avec l’actualité. [Vendredi matin] nous projetions « J’ai 8 ans » à des lycéens. Un documentaire fait avec des enfants réfugiés qui fuyaient l’Algérie à cause des bombardement et arrivaient en Tunisie. Ces notions d’exode, d’exil, cela résonne avec le contexte actuel. A contrario, face à des personnes en âge d’avoir vécues la guerre d’Algérie, le débat sera plus centré sur ce sujet.

La Marseillaise. Bon nombre de ses thématiques sont toujours d’actualité…

Moïra Chappedelaine-Vautier. Effectivement. Dans « quand les femmes ont pris la colère » –12 femmes accusées à tort d’avoir séquestré le patron de leurs maris en grève– on les voit, au travers de cette chronique de 18 mois, se transformer, certains mariages n’y ont pas résisté tellement elles ont pris leur place. Le film à 40 ans et ce genre de problématiques est toujours d’actualité… C’est le témoignage d’une époque qui renvoie au peu d’évolution de la condition des femmes…

La Marseillaise. La criminalisation de l’action revendicative n’est pas une nouveauté.

Moïra Chappedelaine-Vautier. Prenons le cas d’Air France, les compte-rendus sont ponctuels, qui va faire aujourd’hui la chronique de ces employés inculpés ? Personne. C’était la force de René et de sa société de production de prendre le temps. Cette notion est fondamentale dans son approche cinématographique. C’est aussi l’invention d’une forme de narration propre à chaque sujet.

La Marseillaise. A regarder son parcours, il semble y avoir eu deux périodes, africaine et française, cela vient d’un changement de centre d’intérêt ?

Moïra Chappedelaine-Vautier. Pas du tout. « Une nation, Algérie » en 1954, a été interdit et il a été poursuivi pour atteinte à la sécurité de l’État. Impossible de rentrer en France avant 1969. Dès qu’il peut il rentre, et monte sa société de production. Il y aura ensuite des films typiquement bretons et deux fictions entre la Bretagne, la Tunisie et l’Algérie. Mais il n’a pas changé pour autant de centre d’intérêt.

La Marseillaise. René Vautier disait aujourd’hui il n’y a plus besoin de censure, il y a l’auto-censure, comment le vivez-vous en tant que productrice ?

Moïra Chappedelaine-Vautier. J’ai actuellement un projet d’une histoire de transgenre, aux États-Unis, une fille qui est en train de devenir un garçon avec toute la problématique du passage à l’acte. Nous ne voulons pas de « trash », ni de sensationnalisme, juste l’histoire, dans le respect de la complexité de son être, qui est aussi le reflet de notre société. Et je ne trouve aucun diffuseur, « ça ne rentre pas dans la case » comme la personne que l’on filme. Nous le produirons autrement !

Entretien réalisé par Sylvain Fournier (La Marseillaise, le 17 novembre 2015)

Rétrospective jusqu’au 28 novembre, wwww.rene-vautier.fr.

Robert Mencherini. « Il y a d’abord eu des comités de vigilance »

le 15 November 2015

Robert Mencherini. « Il y a d’abord eu des comités de vigilance »

Spécialiste des années 1930-1940, l’historien fournit un éclairage sur la montée des fascismes en Europe. De quoi s’interroger sur la période de trouble actuelle.

Alors que les annulations d’événements se multipliaient hier à Marseille, le 24e Carré des écrivains s’est, quant à lui, tenu au Centre Bourse, comme prévu. Présent à cette occasion, Robert Mencherini fournit un éclairage qui invite à prendre du recul.

La Marseillaise. Étant donné votre connaissance de la période 1930-40, quelles ressemblances observez-vous entre les événements actuels et ceux des années trente ?

Robert Mencherini. L’historien se trompe toujours quand il essaie d’interpréter le présent. Nous vivons une période complètement différente. Toutefois, la montée des nationalismes et des extrêmes droites rappelle tout à fait les années trente. A cela s’ajoutent les crises morale et idéologique qui ont conduit au transfert de militants de tous les partis vers le parti populaire français (PPF). Il y a ce- pendant des différences dans les situations nationale et internationale : on n’a jamais connu de tels intégrismes et une résurgence du religieux de la sorte.

La Marseillaise. Qu’en est-il du discours politique ?

Robert Mencherini.Contrairement à ce que l’on pense, durant les années 1930, on a assisté à de très fortes poussées des extrêmes droites en Europe. La France a fait exception avec le Front Populaire. Mais ça n’a pas duré. Cela s’explique par la tradition socialiste française. Et puis, en France, on était dans la position d’un pays vainqueur (contrairement à l’Italie et l’Allemagne). Cela dit, en France, l’extrême droite est aussi montée fortement. Cela s’est vu lors des élections partielles avec, ici à Marseille, la montée du PPF de Simon Sabiani. Celui-ci a été le premier élu communiste à rallier l’extrême droite. Son discours était très violent, proche du nazisme.

La Marseillaise. Comment la France a-t-elle pu, pendant un temps, faire exception face à la montée de l’extrême droite ?

Robert Mencherini. Il y a d’abord eu des comités de vigilance. Puis, les partis de gauche (PS et PCF) se sont alliés pour faire barrage au risque de coup d’État fasciste. C’est ainsi qu’est né le Front Populaire. Il y a aussi eu des appels à manifester par la CGT et la CGTU qui se sont alliées.

La Marseillaise. Comment les citoyens peuvent-ils prendre conscience du danger fasciste ?

Robert Mencherini. Aujourd’hui, on a des discours, mais pas de mouvement de masse. Il est très difficile de l’expliquer. C’est comme les grèves de 1947. Pourquoi ont-elles eu lieu ? C’est un état d’esprit. Les conditions économiques ont joué, mais ça ne suffit pas. C’est une question de « représentation », c’est-à-dire la manière dont on voit le monde. Si on estime qu’on peut faire quelque chose, on agit. Le fait d’être accablé économiquement ne suffit pas.

Propos recueillis par Marjolaine Dihl (La Marseillaise, le 15 novembre 2015)

Gérard Leidet. Le pacifisme à l’épreuve de la Grande Guerre

le 12 November 2015

Gérard Leidet. Le pacifisme à l’épreuve de la Grande Guerre

Le mouvement ouvrier dans le département entre Union sacrée, désir de paix et luttes sociales.

Belle affluence hier au cercle musical de Gréasque pour la présentation du Mouvement ouvrier provençal à l’épreuve de la Grande guerre. 1909-1919, un ouvrage collectif dirigé par Gérard Leidet, co-Président de Provence mémoire et monde ouvrier (Promémo). Entretien.

La Marseillaise. Quelle a été la force du pacifisme dans le Midi pendant la Grande Guerre ?

Gérard Leidet. Les ouvrages sur la Grande Guerre évoquent souvent les batailles, la stratégie, les responsabilités mais peu ont traité jusque-là de l’histoire sociale, de l’arrière, de la question des pacifismes notamment dans le mouvement ouvrier. Dans le département, le pacifisme s’est surtout articulé autour du syndicat des instituteurs avec deux figures marquantes, Ismaël Audoye et Louis Lafosse qui ont animé le combat pacifiste et permis en 1916 à l’Union départementale CGT de passer d’une majorité pour l’Union sacrée à une majorité pour le pacifisme. Certains instituteurs ont été blâmés pour propagande, parfois déplacés d’office par le Préfet, sept instituteurs dont cinq femmes ont même été révoqués.

La Marseillaise. En quoi la Première Guerre mondiale a été un point de rupture dans le mouvement ouvrier ?

Gérard Leidet. Elle a fait naître un clivage entre des militants favorables à la « Vieille maison » -la SFIO- qui ont continué à défendre l’Union sacrée de la République, de la Patrie contre l’Empire allemand et des militants pacifistes favorables à l’arbitrage international qui iront vers la création du Parti communiste français. Le même clivage s’observe dans le syndicalisme entre les pacifistes révolutionnaires qui vont faire scission avec une CGT réformiste pour créer une CGTU révolutionnaire. Marseille sera toujours à la pointe de ces idées. L’ouvrage montre son rapport à l’Union sacrée, observe les mouvements sociaux avec des grèves importantes surtout entre 1916 et 1918 dans les usines d’armement notamment.

La Marseillaise. Pourquoi revisitez-vous la légende noire du XVe Corps d’Armée ?

Gérard Leidet. Parce que ce régiment de Marseillais et de Méridionaux a été accusé par la rumeur et une campagne de presse parisienne de couardise et d’avoir fui devant l’ennemi. Ce mythe tenace a longtemps été occulté. Il matérialise bien au fond une vieille opposition préexistante entre le Nord et le Midi moqué pour sa paresse. Le temps de la réhabilitation est long et difficile. Regardez la question de la réhabilitation des 475 fusillés pour l’exemple. Seuls 43 ont été réhabilités aujourd’hui.

Propos recueillis par David Coquillé (La Marseillaise, le 12 novembre 2015)

Éditions Syllepse. 350p. 15 euros jusqu’au 30 nov. Chez Maupetit. Écrire à Gérard Leidet, 3, rue du Thym, 13850 Gréasque.

Exposition Antoine Arlandis "un chant de couleurs"

le 12 November 2015