Collectif culture du PCF

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Gianfranco Rebucini. « Une pensée utile pour comprendre la crise actuelle »

le 11 April 2016

Gianfranco Rebucini. « Une pensée utile pour comprendre la crise actuelle »

Rencontre avec l'un des organisateurs demain à Paris d’une journée d’études sur le philosophe marxiste italien Antonio Gramsci (1891-1937) et sa réception en France.

Dans le cadre de la Convention de coopération scientifique (2015-2020) entre l’Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), l’Institut interdisciplinaire d’Anthropologie du Contemporain (IIAC), la Fondazione Istituto Gramsci, l’Ecole Française de Rome, l’Association internationale Ernesto de Martino, l’Accademia di Santa Cecilia et du séminaire Anthropologie, marxisme et politique, une Journée d’études est organisée demain par Riccardo Ciavolella et Gianfranco Rebucini sur le thème « Traduire la pensée gramscienne : la réception de Gramsci en France et son influence sur les sciences sociales ».

Gianfranco Rebucini revient sur les enjeux actuels de l’étude de l’œuvre gramscienne. En ces temps de crise.

La Marseillaise. Comment a été perçue l’œuvre d’Antonio Gramsci en France depuis l’après-guerre ?

Gianfranco Rebucini. Elle a surtout reçu un très bon accueil dans les années 70 avant de connaître un net recul dans les années 80 et 90. Même si des philosophes, comme André Tosel qui sera présent à cette journée d’études, travaillent sur la pensée gramscienne depuis très longtemps. On retrouve depuis les années 2000 un certain regain d’intérêt autour de l’étude de ses textes.

La Marseillaise. Comment expliquer ce nouvel intérêt, presque 80 ans après sa mort en Italie ?

Gianfranco Rebucini. C’est une pensée dynamique qui bénéficie du retour général de l’étude de la pensée marxiste et des cultural studies. Ce n’est pas un phénomène uniquement français. Il est vrai aussi que le contexte de crise du capitalisme mais aussi de la gauche peuvent expliquer le fait que des recherches soient réalisées à nouveau autour de son œuvre.

La Marseillaise. Dans certains pays, les travaux sur Antonio Gramsci ont été continus. Pour quelles raisons cela n'a pas été le cas en France ?

Gianfranco Rebucini. En effet, dans les pays anglo-saxons, Gramsci a été très étudié dans les années 80 et 90 en anthropologie par exemple. Mais pas en France. C’est peut-être dû au fait que le philosophe Louis Althusser, qui a longtemps étudié Gramsci, a un peu joué le rôle de filtre dans les années 70. La pensée gramscienne était vue avec les outils d’Althusser. Alors bien sûr, il a permis la diffusion en France des principaux thèmes gramsciens (idéologie, culture, indépendance des superstructures, etc) mais avec ce filtre qui a empêché du coup de vraiment se pencher sur la pensée en elle-même.

La Marseillaise. Antonio Gramsci a souvent été récupéré ou mal interprété. Une rencontre de la journée d’études s’intitule d’ailleurs « Renverser 68 : mésusages de la pensée gramscienne dans la nouvelle droite ». N’y a -t-il pas un paradoxe à voir cet intellectuel marxiste vanté par la droite ?

Gianfranco Rebucini. Cela peut paraître en effet bouleversant. La droite et même l’extrême droite ont notamment cherché à utiliser son concept d’hégémonie culturelle pour accéder au pouvoir, mais de manière simpliste et caricaturale. Ils ont transformé les concepts. Ils en parlent mais sans la dimension de l’émancipation ni de la révolution que théorisait Gramsci à son époque.

La Marseillaise. En prison, il a écrit dans un de ses Cahiers : « La crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître : pendant cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés ». Aujourd’hui, quels concepts gramsciens pourraient aider à en sortir ou, au moins, à réfléchir aux causes de l’actuelle crise politique, sociale et morale ?

Gianfranco Rebucini. Le concept d’hégémonie culturelle me semble très important. D’ailleurs, en Espagne, le mouvement Podemos l’étudie en profondeur pour développer sa démarche. Je pense aussi à des notions comme la révolution passive. Enfin, ses réflexions sur la crise du capitalisme sont très utiles pour une lecture actuelle de la situation. Très utile politiquement et intellectuellement.

La Marseillaise. Connaît-on désormais l’intégralité de l’oeuvre d’Antonio Gramsci ou demeure-t-il des zones d’ombre ?

Gianfranco Rebucini. Non. On en connaît aujourd’hui toute l’étendue. Son œuvre a d’ailleurs été répertoriée de manière précise en Italie par la Fondazione Istituto Gramsci à Rome. Mais cela ne veut pas dire qu’on en a terminé avec son étude. Ses textes, et notamment ses Cahiers de prison possèdent une grande complexité interne. Aujourd’hui, il y a un renouveau dans l’étude philologique de l’œuvre de Gramsci. Des recherches sont menées sur ses textes pour justement tenter de comprendre cette complexité.

Entretien réalisé par Sébastien Madau (La Marseillaise, le 11 avril 2016)

Journée d’études « Traduire La pensée gramscienne : la réception de Gramsci en France et son influence sur les sciences sociales » le 12 /04 de 9h30 à 17h30 dans les locaux de l’EHESS, 90 avenue de France, 75013 Paris.

En 4 dates

1891. Antonio Gramsci est né le 21 janvier 1891 à Alès en Sardaigne dans une famille d’origine albanaise du côté paternel. Il quittera l’île en 1911 pour aller faire ses études à l’Université de Turin.

1921. Avec notamment Palmiro Togliatti et Amadeo Bordiga, Antonio Gramsci fonde le Parti communiste d’Italie le 21 janvier 1921 lors du congrès de Livourne après une scission avec le Parti socialiste italien.

1926. Le 8 novembre 1926, Antonio Gramsci, malgré son immunité parlementaire de Député, est arrêté sur ordre de Benito Mussolini. Il laisse inachevée son œuvre « La question méridionale ».

1937. Après onze années de prison, Antonio Gramsci meurt dans la nuit du 26 au 27 avril 1937. Il laisse derrière lui une œuvre monumentale manuscrite dans une trentaine de cahiers.

La Marseillaise, le 11 avril 2016

Gardanne. Hommage à Salim Hatubou

le 11 April 2016

Médiathèque Nelson Mandela
Boulevard Paul Cézanne
Gardanne

Samedi 30 avril à 15h

Gardanne. Hommage à Ibrahim Ali

le 10 April 2016

Médiathèque Nelson Mandela
Boulevard Paul Cézanne
Gardanne

Samedi 16 avril à 15h

L’association « Contacts » rendra hommage à Ibrahim Ali, assassiné par des colleurs d’affiches du Front National le 21 février 1995.

« Ils voulaient attraper le dernier bus qui dessert leur quartier. Ibrahim Chibaco et ses amis rentraient d’une répétition de musique. Ils se sont mis à courir pour l’attraper. Des colleurs d’affiches du Front National leur ont tiré dessus. Ibrahim est tombé, il n’avait que dix-sept ans. Il préparait un concert et voulait juste rentrer chez lui ».

Mohamed Mbaé Tahamida, alias Soly, rend dans son livre « Thérapoésie, mémoire à Ibrahim Ali », un vibrant hommage à ce jeune homme.

Le livre sera présenté ce jour-là au public.

Entrée libre.

Soirée littéraire. Albert Roumieu "L'Olivier passionnément"

le 07 April 2016

La République. Notre bien commun

le 06 April 2016

Gréasque. Des livres et vous

le 06 April 2016

Gréasque. Des livres et vous
Salle Raymond Galhuid
Gréasque

Samedi 30 avril à 11h

  • 11h. Accueil des auteurs et des différents intervenants
  • 12h. Repas.
  • 14h. Rencontres, signatures et dédicaces. Ateliers « autour du livre » et « autour du papier ». Lectures « sous le platane ».
  • 18h. Clôture.

Gréasque. Rencontre-débat : "Ecrire ?"

le 06 April 2016

Salle Raymond Galhuid
Gréasque

Vendredi 29 avril à 18h

Débat avec plusieurs auteurs : Sophie Alfiéri, Françoise Fontanelli, Bernard Régaudiat, Gérard Leidet, Lucien Vassal, André Dodoussian

Suivi d'un apéritif dînatoire.

Et à 20h30 Café-théâtre avec "une nuit ordinaire" dernière création de la Compagnie Obrador des ateliers de Gréasque.

Le camps des Milles. Un lieu gardien de la mémoire industrielle de la Région

le 05 April 2016

Le camps des Milles. Un lieu gardien de la mémoire industrielle de la Région

Patrimoine. Le camp des Milles est un lieu de mémoire où sont étudiés les mécanismes menant à la haine et aux discriminations. De 1882 à 2006, le site a été dédié à une production industrielle dont les toits de Provence et d’ailleurs portent encore la trace.

Des terres argileuses ceinturent les Milles. L’Arc, à proximité, assure une alimentation en eau indispensable aussi bien à l’irrigation des terres agricoles qu’aux procédés industriels. L’arrivée du chemin de fer dans le village et la perspective d’y voir débarquer par wagons le charbon de Gardanne, achèvent de convaincre ceux qui, inspirés par le succès des tuileries marseillaises, décident d’en installer une au cœur de la campagne aixoise. Nous sommes en 1882 : la tuilerie des Milles sort de terre.

Philippe Mioche, professeur d’histoire contemporaine à l’université d’Aix-Marseille, s’est penché sur l’histoire de ce lieu avec Olivier Lambert et Boris Grésillon, dans leur livre « De la terre et des hommes » (2007). Ils y retracent une saga industrielle passionnante, initiée par « trois capitalistes dont le chef de file, Esdgar Rastoin, était issu d’une grande famille marseillaise surtout connue dans les huileries », raconte Philippe Mioche. « Des briqueries et des tuileries, il y en avait partout, mais à Marseille, on avait une particularité : les tuiles étaient entassées dans les cales des navires qui partaient à vide, pour leur servir de lest. Elles étaient ensuite commercialisées à l’arrivée, libérant de la place pour stocker le cacao, l’arachide etc… ».

Aux Milles, Edgar Rastoin veut tirer son épingle du jeu et mise -il est le seul dans la région- sur l’excellence allemande : un four Hoffman « d’assez grande taille où les tuiles cuisent en continu », explique Philippe Mioche. L’activité est florissante même si la première guerre y met un terme brutal, les hommes étant mobilisés au front. En 1918, la production reprend. Nouveau coup dur en 1937 : « le marché devient mauvais. Toute une série de tensions sociales traversent le site après le Front Populaire. De plus, une machine essentielle à la production est cassée. La direction en profite pour fermer ». C’est donc une usine vide, qui, en 1939, est réquisitionnée par le gouvernement français. La suite, malheureusement, on la connaît.

Des vestiges encore visibles

Cette année là, le site devient un camp d’internement, d’où partent vers la mort des milliers de Juifs. Cette parenthèse abominable ne signe pas pour autant, la fin de la production. Deux ans après la fin de la guerre, un descendant d’Edgar Rastoin redémarre l’usine et connaît une période faste au moment de la croissance démographique du début des années 60, « avec une immigration forte dans notre région et l’arrivée des rapatriés d’Algérie, qui ont provoqué un boom sur la construction de logements ».

L’histoire se termine en 2006, les Milles concédant le monopole de la tuile provençale à la ville de Marseille. Le site aurait pu disparaître sous les pelleteuses. Mais l’État en décide autrement et le transforme en lieu de mémoire, sans faire l’impasse sur son passé industriel : « Dès le début, les promoteurs du mémorial et particulièrement Alain Chouraqui, ont eu le souci de conserver la mémoire du travail. Lors des visites, on peut voir beaucoup de vestiges de ce passé : une maquette de l’usine, des panneaux explicatifs, une salle aménagée où on voit encore des machines. Et puis, le four Hoffman », toujours là, témoin d’une époque où l’industrie faisait rayonner la région à travers le monde. Les toits de Provence et d’ailleurs s’en souviennent. Grâce au travail des historiens, ils ne sont pas les seuls.

Sabrina Guintini (La Marseillaise, le 5 avril 2016)

En ce moment au camp des Milles

Jusqu’au 30 avril, le mémorial héberge une exposition sur le génocide arménien, « 2015-1915 : l’envers du chemin ».

La vie d’Ovsanna Kaloustian, icône de la communauté, décédée l’an dernier, y est évoquée par le regard de témoins indirects lancés sur un même itinéraire : Stéphane Dumont et Éric Sémerdjian, photographe et écrivain, ont parcouru l’envers du chemin, confrontés aux lieux actuels des massacres d’autrefois, de Diyarbakir à Van, de Bitlis à Mardin. A travers leurs images et leurs mots, s’ouvre la possibilité d’en tirer les leçons pour aujourd’hui. Tous les jours de 10h à 19h. 5 euros. Avec la visite du mémorial : 14,50 euros. Réduit : 12,50.

La Marseillaise, le 5 avril 2016

« Passages à l’étranger » de Gilles Ascaride

le 04 April 2016

Librairie Le Blason
2, rue Jacques de la Roque
Aix-en-Provence

Samedi 9 avril de 10h à 13h

Gilles Ascaride signera son dernier livre « Passages à l’étranger » (Éditions Le Fioupélan)

Aubagne. Henri Krasucki, toute une vie en résistance

le 02 April 2016

Aubagne. Henri Krasucki, toute une vie en résistance

Débat. Projection du film « Henri Krasucki : une jeunesse parisienne en Résistance » à la Bourse du Travail, jeudi. Un coup de projecteur sur une partie méconnue de la vie de ce dirigeant syndical.

À l'initiative de l’association des Amis de l’Humanité-Aubagne, en partenariat avec l’UL et l’UD CGT, une projection du film documentaire « Henri Krasucki : une jeunesse parisienne en Résistance », a été organisée jeudi à la Bourse du Travail. Elle a été suivie d’un débat avec les deux réalisateurs du film Laurence Karsznia et Mourad Laffitte ainsi que Pierre Krasucki, fils de l’ancien dirigeant syndical et Secrétaire de la CGT de 1982 à 1992, Henri Krasucki.

Un film qui aborde une partie de la vie de ce dirigeant syndical assez méconnue du grand public à travers de nombreux témoignages d’anciens compagnons : Robert Endewelt, Raymond Kojitsky, Henri Malberg, Paulette Sarcey, André Schmer ou encore Julien Lauprêtre, actuel Président du Secours populaire français. Tous d’anciens résistants qui faisaient partie du groupe de jeunes résistants communistes FTP de la capitale autour duquel gravitaient des figures comme Missak Manouchian, Marcel Rajman

Front populaire

À travers la figure emblématique d’Henri Krasucki, le film propose de revenir sur l’histoire de la MOI parisienne et son engagement dans la Résistance. « On part de la toute jeunesse d’Henri Krasucki jusqu’au retour de la déportation, à la fin de la guerre », précise Laurence Karsznia.

Un cheminement qui éclaire sur ce que deviendra Henri Krasucki, après cet épisode de sa vie, et sur ce qui va présider à la construction de sa formation politique, notamment à travers son retour au sein d’une famille d’un milieu populaire mais avec des convictions progressistes et militantes. Mais aussi, à travers sa jeunesse et la fréquentation du patronage. Ces jeunes enfants qui étaient pris en charge, à la fois, dans des activités de loisirs, mais aussi dans une construction plus politique. « C’est un gamin qui a vécu l’avènement du Front populaire, il avait 12 ans en 1936 qui logiquement va faire acte de résistance dès 1940 et qui va vivre la déportation… », souligne Pierre Krasucki.

Tout un ensemble qui allait participer à la construction de la conscience politique d’Henri Krasucki qui, à son retour de la déportation, s’inscrivait, tout naturellement, dans la résistance à travers les luttes sociales et politiques qu’il mènera ensuite mais toujours dans l’action collective.

C’est l’un des intérêts de ce film, d’ailleurs, qui présente cette facette pas assez connue d’Henri Krasucki mais qui explicite beaucoup celui du personnage connu du grand public. « L’intérêt aussi est de revenir sur une période qui fait terriblement écho à ce qui se passe aujourd’hui. Toutes les forces de l’époque sont toujours vives. La question de l’immigration qui est sous-jacente, les enjeux économiques et sociaux… Et là on est en plein dans l’actualité avec la destruction des conquêtes sociales (code du travail, protection sociale, énergie, transports...) issues de 1936 et surtout du programme de 1945 du Conseil national de la Résistance », indique Pierre Krasucki.

La lutte des Goodyear, c’est le sujet du dernier documentaire, Liquidation, réalisé par Mourad Laffitte qui a suivi, pendant 9 ans, les Goodyear de l’usine Amiens-Nord. Un film qui revient sur les luttes sociales des ouvriers de l’usine pour défendre leurs emplois loin de tous les clichés médiatiques.

Mustapha Chtioui (La Marseillaise, le 2 avril 2016)