Collectif culture du PCF

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Roquefort-La-Bédoule. Les « tartarins du midi » fusillés pour l'exemple

le 20 January 2015

Roquefort-La-Bédoule. Les « tartarins du midi » fusillés pour l'exemple

Brillant exposé de Christian Bocconi et Laurent Trochou sur un épisode dramatique de la Première guerre concernant des soldats provençaux et corses.

Début d’année chargé pour le Carrefour Citoyen. Après l’élection d’un nouveau bureau le lundi 5 janvier -le Président Joseph Marcos ayant démissionné pour raisons personnelles- et la présentation des vœux à la population le jeudi qui a suivi, l’association invitait, samedi dernier, deux passionnés d’histoire Christian Bocconi et Laurent Trochou, de la section Culture et loisirs du cercle de la Renaissance de La Ciotat, pour parler du Midi dans le conflit de 14-18.

En début d’exposé, Laurent Trochou énumérait les causes de cette Grande guerre, « qui n’est grande que par l’horreur qui la caractérise », comme se plaît à le dire Christian Bocconi.

La calomnie

La majeure partie de la conférence a été consacrée aux fusillés pour l’exemple du 141e régiment d’infanterie stationné à Marseille et du 113e régiment composé uniquement de soldats corses. Ces deux régiments intégrés au 15e corps d’armée furent envoyés en Lorraine et prirent part au feu le 2 août 1914. Ce fut une effroyable boucherie. Les fantassins français très mal équipés furent massacrés. Dix mille d’entre eux trouvèrent la mort dans la campagne lorraine.

Le Général Joffre, « un âne qui commandait des lions », récusa la défaite et désigna les soldats provençaux et corses, « ces bons à rien, ces tartarins », comme responsables de la déroute. Ils furent même discrédités par un article du Sénateur Gervais. Pour l’anecdote, on retiendra que les fromageries du même nom, devant la baisse des ventes dans le sud du pays, firent savoir qu’elles n’avaient que le nom en commun avec cet élu.

Pour redonner du courage aux troupes, il fallait faire un exemple. Ainsi Auguste Odde, un Varois du bataillon marseillais, et Joseph Tomasini, du bataillon corse, accusés de s’être automutilés pour ne pas prendre part au combat, ont été fusillés le 19 septembre 1914 après un jugement expéditif. Leurs familles reçurent leur avis de décès avec la mention « Mort sans Honneur ».

C’est grâce au chirurgien Roger Proust, le frère de l’écrivain, qui apporta la preuve que leurs blessures étaient dues à l’éclat d’un projectile allemand que leur réhabilitation commença. Ce fut chose faite pour Auguste Odde en 1919 et pour Joseph Tomasini en 1921. Les parents du Varois refusèrent de recevoir la délégation chargée de transmettre les excuses du gouvernement.

Christian Bocconi clôtura la partie de son intervention consacrée aux fusillés pour l’exemple en rappelant que ce fut l’artillerie française qui exécuta les « fusillés pour l’exemple russes » regroupés à La Courtine dans la Creuse.

Et, c’est Le chant de Craonne repris en chœur par toute l’assistance qui a clôturé cet après-midi culturel.

La Marseillaise, le 20 janvier 2015

Histoire. La mort de Louise Michel

le 18 January 2015

Histoire. La mort de Louise Michel

Retour sur les derniers instants de Louise Michel morte à Marseille le 9 janvier 1905 à Marseille

Les conférences que donnent Louise Michel la mènent à Nice pour deux réunions, les 28 et 30 décembre 1904(1), c’est là qu’elle tombe malade « mais n’en continua pas moins à poursuivre la série des réunions publiques qu’elle avait fait annoncer »(2) : Draguignan, Barjols puis Oraison. « Là, le mal s’aggravant, Louise Michel, à bout de forces, fut obligée de rentrer à Marseille où elle arriva jeudi soir. Descendue à l’hôtel de l’Oasis, au boulevard Dugommier, elle s’alita aussitôt et le docteur Dufour appelé à son chevet, diagnostiqua une congestion pulmonaire double ». Il fait appel au docteur Bertholet, de Toulon qui l’avait soignée de la même affection en février 1904. L’état de santé de la malade est jugé « fort inquiétant ». « Louise, comme l’appelaient simplement ses familiers, conservait toute sa lucidité d’esprit, même aux moments les plus critiques et la résistance qu’elle opposait au mal était vraiment surhumaine »(2).

Le 9 janvier, « Vers 9 heures du soir, Louise Michel (…) entrait définitivement en agonie. Elle rendit le dernier soupir à 10 heures un quart très exactement, sans souffrance, comme le flambeau qui lentement s’éteint ». Le journal signale « un incident répugnant » : « de nombreux agents de la Sûreté » surveillaient l’hôtel « jusque dans les escaliers, à la porte même de la malade ». Ses amis télégraphieront à Clemenceau « Louise Michel mourante – Attitude ignoble de la police », lui demandant d’intervenir pour faire cesser le brouhaha.

« Toutes les persécutions subies –la prison, le bagne, la misère– (…) l’ont d’ailleurs suivie jusqu’à l’heure suprême : la police est demeurée en surveillance rigoureuse autour de la maison où la pauvre femme dépérissait d’heure en heure, osant aller jusqu’à épier ses hoquets d’agonie après avoir épié durant près de quarante années ses plus innocentes harangues de réunions publiques, et ne consentant à abandonner sa bonne garde qu’après avoir passé sa consigne à la Mort. »(2)

Louise Michel est « sur son lit de mort, dans la modeste chambre d’hôtel où elle était descendue, à peine plus pâle qu’elle ne l’était vivante, le corps maigre et comme desséché perdu dans la blancheur des draps ». Aussitôt le décès connu, dans la chambre « sans le décor d’aucun apparat funèbre » où seules des fleurs rouges seront déposées entre ses mains, et jusqu’aux obsèques, ce sera un « défilé ininterrompu, (…) attestant éloquemment quelles profondes et cordiales sympathies possédait Louise Michel dans le prolétariat et chez le peuple pour qui elle se dévoua durant toute sa vie ».

Des délégations de militants socialistes, républicains, syndicalistes, libre-penseurs, anarchistes, laïques, antimilitaristes… venues des Bouches du Rhône, du Var, du Vaucluse et des Basses Alpes. Le 11 janvier, « bien avant l’heure fixée pour les funérailles, une foule immense se porte aux alentours de la maison mortuaire. Le boulevard Dugommier est noir de monde. L’affluence est telle que la circulation des tramways est interrompue. (…) Le cortège imposant des funérailles ne tarde pas à se former. Il s’ouvre par le drapeau de la Bourse du Travail et celui de l’Union des Chambres syndicales ouvrières »(2).

« Je sens monter la révolution »

Le cortège de plus d’un kilomètre de long sillonne la ville, « la foule, massée sur les trottoirs est de plus en plus considérable » pour arriver « vers 5 heures, à la tombée du jour (…) sur l’esplanade du cimetière Saint- Pierre, littéralement noire de monde ». Le cortège « pénètre dans le cimetière et gravit la petite colline couverte d’une magnifique pinède où se trouve la salle du dépôt. Il commence à faire nuit. Tout là-bas, derrière les montagnes violacées, le soleil jette une dernière lueur rouge qui vient mourir à travers les branches des pins. (…) Le spectacle offert par la nature en cet instant de deuil et de douleur, est saisissant ». Devant « une forêt de drapeaux rouges » et « un amas de couronnes », tour à tour, prennent la parole le docteur Flaissières, Maire de Marseille, Lafaille, au nom de la Bourse du Travail, Santini, en italien, au nom des groupes révolutionnaires transalpins et Girault. Louise Michel avait manifesté le désir de reposer au petit cimetière de Levallois-Perret, auprès de sa mère. Dès son décès une grande souscription a été lancée pour le transfert du corps et de grandes funérailles à Paris.

Le 21 janvier, sa dépouille est conduite jusqu’à la gare Saint-Charles, suivie par plusieurs milliers de personnes. Le cortège traverse à nouveau Marseille, jusqu’à la gare où « une foule immense avait déjà envahi les abords ». Puis, « c’est entre deux haies de drapeaux que la bière est placée dans le fourgon ». Après une prise de parole, le train démarre, tandis que l’Internationale s’élève.

Le 22 janvier, tôt le matin, les policiers investissent la gare de Lyon. L’armée et la police sont sur le pied de guerre, environ 10.000 hommes ont été mobilisés. Treize jours après sa mort, elle les faisait toujours trembler !

Le corbillard est « un modeste char de 8e classe sans draperies ». Un drapeau rouge est déposé sur le cercueil. Dans le hall de la gare, on entend  « Vive la Commune ! » Puis, monte l’Internationale. La police essaie en vain d’interrompre le chant. Il y a là les anciens de la Commune, les rescapés des bagnes et de la déportation et tous ses camarades de combat. Un immense cortège de 120.000 personnes l’accompagne.

Peu de temps avant sa mort, Louise Michel avait acquis la conviction que la révolution viendrait de Russie, « au pays de Gorki et de Kropotkine, se passeront des événements grandioses. Je la sens monter, grandir, la révolution qui balaiera le tsar, et tous ces grands-ducs ».

Comme un clin d’œil de l’histoire, ce même 22 janvier 1905, à Saint-Pétersbourg, des milliers de manifestants marchaient sur le palais impérial pour réclamer du pain. Les soldats du tsar tiraient sur la foule, la révolution russe de 1905 débutait.

Récit Raymond Bizot (La Marseillaise, le 18 janvier 2015)

(1) La Marseillaise des 4 et 11/01/2015
(2) Le Petit Provençal, du 10 au 22 janvier 1905

Roquefort-La-Bédoule. « Le midi dans la guerre de 14-18 »

le 16 January 2015

Au cercle républicain des travailleurs
Roquefort-La-Bédoule

Samedi 17 janvier à 15h

Débat sur 14-18 sur invitation du Carrefour citoyen, Christian et Laurent Trauchoux de la section Culture et loisirs du Cercle de la Renaissance de La Ciotat animeront une conférence-débat.

Louise Michel la révolutionnaire

le 11 January 2015

Louise Michel la révolutionnaire

En deux mois seulement et malgré le siège et l’invasion de Paris par les troupes versaillaises(1), le gouvernement révolutionnaire de la Commune prend des mesures sociales très en avance sur l’époque. Quelques-unes pour mémoire : séparation de l’Église et de l’État, école laïque et gratuite, suppression de la peine de mort, journée de travail limitée à 10 heures, interdiction du travail de nuit pour les enfants limité pour les adultes, salaire minimum pour les ouvriers, égalité des salaires entre hommes et femmes, logement des sans-abris dans les habitats vides…

Lors de la chute de la Commune, la soldatesque versaillaise se livre aux pires exactions : « On frappa au ventre des femmes enceintes, on ouvrit le ventre d’autres femmes dont on étala les entrailles sur les trottoirs, on souilla d’infortunées jeunes filles, traitées aimablement de putains, on fusilla des mères avec leur bébé. La chasse aux fédérés était largement engagée, on égorgeait dans les ambulances ; un médecin, le Docteur Faneau qui ne voulut pas livrer ses blessés, fut lui-même passé par les armes »(2).

On rafle au hasard. Louise Michel assistera en prison à « des épisodes comiques. Une sourde-muette y passa quelques semaines pour avoir crié : "Vive la Commune !" Une vieille femme paralysée des deux jambes pour avoir fait des barricades… »(3)

Louise avait pu échapper aux Versaillais. Lorsqu’elle a appris que sa mère avait été arrêtée pour être fusillée à sa place, elle s’est constituée prisonnière.

Condamnée à la déportation

Elle sera transférée au camp de Satory, à Versailles. Selon un témoin, « Il est impossible de décrire l’accueil que nous reçûmes dans la cité des ruraux. Cela dépasse en ignominie tout ce qu’il est possible d’imaginer. Bousculés, foulés aux pieds, frappés à coups de poings, à coups de bâtons, au milieu des huées et des vociférations, on nous fit faire deux fois le tour de la ville en calculant les haltes à dessein pour nous exposer d’autant mieux aux atrocités d’une population de mouchards et de policiers qui bordaient des deux côtés les rues que nous traversions.(…)

On nous fit entrer dans la cour [de la caserne] où nous trouvâmes ces messieurs qui nous reçurent par une horrible bordée d’injures infâmes et qui, sur l’ordre de leurs chefs, armèrent bruyamment leurs chassepots, nous disant avec force rires qu’ils allaient nous fusiller tous comme des chiens. C’est au milieu de cette vile soldatesque que nous prîmes le chemin de Satory, où on nous enferma au nombre de 1685 dans un magasin à fourrages, épuisés de fatigue et de besoin, dans l’impossibilité de nous coucher tellement nous étions serrés les uns contre les autres. Nous passâmes là deux nuits et deux jours debout, nous relevant à tour de rôle pour nous coucher un peu. Chacun sur un brin de paille humide, n’ayant d’autre nourriture qu’un peu de pain et d’eau infecte à boire, que nos gardiens allaient puiser à une mare dans laquelle ils ne se gênaient pas pour faire leurs ordures » (1).

Louise Michel comparut devant le conseil de guerre le 16 décembre 1871. Refusant un avocat, elle demande à être fusillée à Satory, comme les autres dirigeants de la Commune et son ami Ferré. « Il faut me retrancher de la société, dit-elle, on vous dit de le faire ; eh bien ! le commissaire de la République a raison. Puisqu’il semble que tout cœur qui bat pour la liberté n’a droit qu’à un peu de plomb, j’en réclame une part, moi ! Si vous me laissez vivre, je ne cesserai de crier vengeance… Si vous n’êtes pas des lâches, tuez-moi ! » Louise est condamnée à la déportation.

Après plusieurs prisons c’est l’embarquement, à Rochefort, avec d’autres détenus, en août 1873. Ils arrivent en Nouvelle-Calédonie en décembre où se retrouveront 4.300 Communards.

Durant sa déportation, Louise parviendra à établir un lien avec les Canaques, à étudier leur culture, à créer un dictionnaire français-canaque et à leur donner des cours. Sa connaissance de la grande misère de cette population confortera son combat anticolonialiste.

Le 11 juillet 1880, les condamnés de la Commune sont amnistiés. Les survivants des bagnes et de la déportation peuvent, alors, rejoindre la France. Dès son retour, elle reprend son combat et entame des tournées de conférences, en France et en Europe. Elle popularise ses idées et les sommes récoltées alimentent les caisses de solidarité des comités de grève et paient les avocats des militants poursuivis.

La police sera constamment sur ses pas. Elle sera maintes fois arrêtée puis remise en liberté, victime de provocations et de tentatives d’assassinat. En mars 1883, faussement accusée de pillage lors d’une manifestation à Paris, elle est condamnée à 6 ans de réclusion et 10 ans de surveillance de haute-police. Elle sera graciée en janvier 1886, après la mort de sa mère. Au Havre, en janvier 1888, « un chouan » tire sur elle, lui logeant une balle dans la tête.

Au printemps de 1890, à nouveau inquiétée, et alors qu’on essaie de l’interner comme folle, elle choisit l’exil en Angleterre. Entre 1890 et 1900, elle se réfugie plusieurs fois à Londres. Où des policiers français la poursuivent, mettant dans sa cave du matériel de faux-monnayeurs que la police anglaise trouve, après dénonciation. C’est finalement un policier français qui sera condamné à 6 mois de prison pour dénonciation calomnieuse.

Louise Michel était avant tout une humaniste, avec un « amour romantique de la liberté, du socialisme et de la révolution ». Après la défaite de la Commune, la socialiste deviendra anarchiste, se définissant comme communiste-anarchiste. Elle dira, en 1898, « Mon idéal était à vingt ans et même bien longtemps auparavant ce qu’il est aujourd’hui : l’humanité haute et libre sur la terre libre ».

Peu de temps avant sa mort, elle est persuadée que la révolution viendra de Russie  : « Vous verrez : au pays de Gorki et de Kropotkine, se passeront des événements grandioses. Je la sens monter, grandir, la révolution qui balaiera le tsar, et tous ces grands-ducs, et la bureaucratie slave, et qui bouleversera cette immense Maison des Morts. Ce qui sera le plus étonnant, c’est qu’à Moscou, à Petersbourg, à Cronstadt, à Sébastopol, les soldats seront avec le peuple ».

Raymond Bizot (La Marseillaise, le 11 janvier 2015)

(1) La Marseillaise du 04/01/2015
(2) M. Dommanget, La Commune, 1971
(3) L. Michel, Mémoires, 1886

Louise Michel. Un dernier combat pour une plaque, par dignité

le 11 January 2015

Louise Michel. Un dernier combat pour une plaque, par dignité

A l’occasion des 110 ans de la mort de Louise Michel le Comité Marseille des amis de la Commune et le CIQ réactivent la demande à la Ville d’une place à son nom. Toujours sans suite.

Le Comité Marseille des amis de la Commune, le CIQ Belsunce, l’association des commerçants, Citoyen 13, le Parti ouvrier indépendant et le Collectif 13 Droit des femmes se sont réunis devant l’Hôtel Duc, anciennement Hôtel de l’Oasis où s’est éteinte cette grande Dame de la Commune en 1905. Un bouquet d’oeillets rouges y a été déposé en sa mémoire par ceux qui continuent le combat devant la réticence de la Ville à honorer officiellement une place à son nom dans le quartier.

Minute de silence  pour dénoncer tous les intégrismes. Puis place à la mémoire. « Louise Michel aimait Marseille pour sa résistance aux oppressions » rappelle Gilbert Bertolini, Président des Amis de la Commune. Un hommage rendu « à une femme de savoir consciente du rôle de l’éducation dans la société » souligne encore Martine Dupuis, du POI. Et également une filiation toujours vivace, comme l’indique Judith Martin-Razi du Collectif 13 Droit des femmes « après 40 ans de loi Veil, nous sommes en pleine modernité de son combat », avant d’entonner Le temps des cerises.

Wagner pour contrer Michel

Autant de valeurs que défendait cette militante, féministe et écrivain, et que le Président de l’association des commerçants et du CIQ veut honorer en revendiquant une place qui porterait son nom.

Au croisement de la rue des Petites Marie et de la rue Longue des Capucins, un espace abandonné de longue date et sans nom pourrait parfaitement satisfaire à cette requête. Le collectif d’architectes ETC, qui trouve là « une opportunité de réaliser un projet hors de la logique bétonnière de la municipalité » travaille à l’humaniser.

En lettres de fer Louise redonne des couleurs à un mur décrépit, une plaque fabriquée par les habitants y est bien en place. Mais toujours « rien d’officiel », déplore le Conseiller municipal communiste Christian Pellicani, en dépit de 5 années de demande.

« Cette bataille a même donné lieu à un Conseil d’arrondissement où un référendum a fini par faire apparaître la légitimité de cette requête », rappelle Ali Timizar, car un autre projet d’immeuble était pressenti à cet emplacement. Et à 80%, les habitants ont préféré une place Louise Michel. Or, si le Maire de Marseille s’est montré oralement favorable à cette idée, rien n’a suivi. Sauf un effort de goudronnage de la dalle défoncée. Pire, le projet semble aujourd’hui remis en cause par la nouvelle équipe UMP de la Mairie de secteur : « C’est le nom de Richard Wagner qui est maintenant avancé, croit savoir l’élu, on n’a rien contre ce compositeur, mais ça n’a aucun sens ».

Au fil du temps les délibérations ont été dénaturées comme pour la plage des Catalans ou l’îlot Chanterelle… « mais on ne lâchera pas » promet l’élu communiste.

Myriam Guillaume (La Marseillaise, le 11 janvier 2015)

Thierry Bertrand. « Une histoire des anarchistes »

le 10 January 2015

Thierry Bertrand. « Une histoire des anarchistes »

Militant du centre international de recherches sur l’anarchisme.

Thierry Bertrand est l’un des militants du centre international de recherches sur l’anarchisme (Cira) de Marseille, il participe à la présentation cet après-midi d’un volume du Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, dédié aux anarchistes.

La Marseillaise. D’où est venue l’idée de consacrer aux anarchistes un volume du Maitron ?

Thierry Bertrand. C’est parti d’un constat : le rôle des anarchistes dans le mouvement ouvrier est souvent occulté. Cet ouvrage est le fruit de près de 6 ans de travail d’une demi-douzaine de personnes qui ont mobilisé au total une trentaine de contributeurs. Le livre compte 500 notices biographiques et son prolongement sur Internet en totalise 3.200. C’est une contribution considérable à l’histoire des anarchistes 50 ans après la fondation du dictionnaire du mouvement ouvrier. Jean Maitron, qui l’a initié, a été un des premiers à étudier ce mouvement.

La Marseillaise. Quelles figures du mouvement anarchiste qui ont traversé l’histoire de Marseille peut-on croiser dans cet ouvrage ?

Thierry Bertrand. Louise Michel bien sûr mais aussi d’autres militants dont on ne parle plus aujourd’hui. Je pense à Marius Jacob, né en 1879. C’est un individualiste illégaliste qui, avec son groupe, volait les riches et les troncs d’églises pour donner aux pauvres. Il finance par ses activités des journaux tels que Le Libertaire ou La Guerre sociale de Gustave Hervé. Il monte un coup au Mont de piété avec ses compagnons en se faisant passer pour des policiers affirmant qu’ils sont envoyés pour faire un inventaire à la suite d’un vol. Je pense aussi à Armand Maurasse, « un noir gigantesque », tel qu’il est décrit à l’époque. Après être passé par Bordeaux où il pratiquait des vasectomies clandestines dans des salons de coiffure, il aide tous ceux qui avaient besoin de faux papiers à Marseille pendant la Seconde Guerre mondiale : juifs, résistants... Après quoi il fonde une école de danse boulevard Dugommier qui existe toujours. André Arru aussi fait partie de ceux-là. Il tient un magasin de vélos pendant la guerre et délivre des faux papiers. Il est arrêté, détenu à Chave avec un autre anarchiste, où ils refusent de marquer le 14 juillet, et des communistes. Lorsque des FTP tentent de délivrer les prisonniers l’un des communistes leur dira de ne pas les libérer en affirmant qu’ils n’étaient « pas patriotes ». Dans la confusion, les FTP les laissent. André Arru s’échappera après un transfert à Aix, participera à la fondation de la Fédération anarchiste en 1944 avant de la quitter pour se tenir éloigné de toute organisation qu’il jugeait « coercitive ». J’ai eu accès au témoignage d’un des FTP recueilli par une historienne, fou de rage en apprenant la nature de ceux qu’il avait laissés en prison.

La Marseillaise. Quel héritage représentent-ils pour les anarchistes d’aujourd’hui ?

Thierry Bertrand. Leur courage, le refus de parvenir, le refus du pouvoir, nous apprennent beaucoup mais nous n’avons pas d’icône. Les connaître me permet en tant que militant de garder le cap dans les moments de remise en question.

Propos recueillis par Léo Purguette (La Marseillaise, le 10 janvier 2015)

Manouchian. Profanation, la clémence

le 10 January 2015

Manouchian. Profanation, la clémence

Du travail d’intérêt général pour le drap jeté par des nazillons sur la stèle des 23 fusillés de l’Affiche rouge. Ces résistants qui, au poteau d’exécution, avaient refusé le bandeau sur les yeux.

Deux militants d’extrême droite ont été reconnus coupables d’avoir profané la stèle rendant hommage au résistant communiste arménien Missak Manouchian et à son Groupe.

« Je présente mes plus plates excuses à la communauté arménienne », a dit Olivier Bianciotti, 30 ans, chef d’équipe en sécurité incendie à la tour CMA-CGM, délégué FO chez Onet. À la fin des 6mm de vidéo, il jette un drap sur la stèle et traite Manouchian de « grosse merde » et de « balance ». « C’est pas moi qui ai amené le drap, c’est les plus jeunes », dit-il. « Moi je suis juste au garde à vous », navre son acolyte et ami David Guichard, un gardien d’immeuble de 42 ans, cinq fois condamné pour violences, vol, etc., et qui s’est vu délivrer dix jours après un rappel à la loi pour apologie de la haine, « apparemment un salut nazi », hésite-t-il. Là, il préfère passer pour une andouille plutôt que l’organisateur : « J’étais venu pour voir qui étaient ces gens-là. C’est vrai que leur discours est vraiment ridicule. La personne parle pas trop bien le français. » Lui aussi dit « regretter d’avoir blessé des personnes » d’autant que « ma copine arménienne m’a dit c’est débile ce que j’avais fait. » Consternant.

« Devant un monument on s’incline, eux ils crachent dessus »

« Vous ne reconnaissez pas. On ne peut pas recevoir vos excuses ! », le repousse vertement Me Serge Tavitian pour la Jeunesse arménienne de France, partie civile avec Résister aujourd’hui qui se voient chacune allouer l’euro symbolique. La peine prononcée décontenance : une simple mesure de travail d’intérêt général, 100 heures à accomplir. En cas d’inexécution, 2 mois ferme. Une clémence qui sied au parquet qui ne veut voir que « le procès de la bêtise et c’est ce qui fait peur. Il y a un tel gouffre entre l’Histoire avec un grand H et les mobiles que je ne trouve pas. Je ne veux pas faire offense à votre intelligence mais je n’en vois guère », leur lance la proc' Anne Lezer. Réclamée par leur avocat Me Julien Cazères qui a plaidé « oui aujourd’hui, nous sommes tous Manouchian », une dispense d’inscription de la condamnation au bulletin n°2 du casier judiciaire leur est en plus accordée. Ils encouraient un an d’emprisonnement et 15.000 euros d’amende.

« Manouchian, je ne le connaissais pas, je ne connaissais pas son histoire. Si j’avais su la portée de ce geste, je me serais bien gardé d’y aller. On m’a demandé de mettre un drap mais j’ai pas dégradé », bat en retraite Bianciotto, anciennement au PC sécurité du palais de justice de Marseille. Il veut faire croire à une présence fortuite, bien loin de l’activisme déployée chez Jeunesses nationalistes, une milice dissoute en 2013 à la suite de la mort du militant antifasciste Clément Méric. S’il dit s’être rapproché du Mouvement populaire-Nouvelle aurore (groupuscule non déclaré) qui revendique cette « action coup de poing pour le devoir de mémoire » (sic), c’est parce qu’il se sentait « isolé, menacé et traqué par les antifascistes ». La présidente s’étonne : « Vous êtes tellement harcelé par les antifascistes de Marseille que vous prenez part activement à cette manifestation ?! Si vous aviez 18 ans, on pourrait comprendre mais à 30 ans, on réfléchit » - « Ce milieu quand vous y entrez, vous n’en sortez plus », chouine quasi victimaire le prévenu addict à « mes idées que peut-être on peut qualifier d’extrême droite ».

Pour Me Alain Lhote, ce ne sont que « des pantins de la bêtise absolue, des lâches qui ne connaissent rien à notre Histoire. Ils souillent, avilissent ce qui est sacré. Devant un monument on s’incline, eux ils crachent dessus. C’est un acte sacrilège. » De les inviter « à méditer » le poème d’Aragon, l’Affiche rouge, « dans votre conscience si vous en avez une ». « La mort de nos humoristes tués par des fanatiques oblige à réfléchir sur cet apatride que personne ne voulait voir devenir français, Manouchian et ses camarades aux noms difficiles à prononcer. Eux c’était des vrais patriotes ! Eux ils sont morts pour la France ! »

David Coquillé (La Marseillaise, le 10 janvier 2015)

Nouveau crépuscule

Bêtise. Le mot convient plus pour qualifier les deux hommes reconnus coupables de la profanation du buste de Manouchian que leur acte. Était-ce comme on l’a entendu le procès de la « bêtise ordinaire » ? Pas seulement.

Les paroles, les actes au-delà de la bêtise insondable et de l’insignifiance de ceux à qui ils sont reprochés, témoignent surtout de la banalisation de la haine. Cette haine poisseuse qui suinte de la crise et se répand dans la société.

La prétendue Nouvelle aurore dont se revendiquaient ces hommes, imitation contrefaite made in Marseille des néo-nazis de l’Aube dorée grecque, porte mal son nom. Elle est l’une des hideuses expressions du Nouveau crépuscule qui menace la France, 70 ans après la Libération de la barbarie hitlérienne. Les fascismes d’aujourd’hui, au crâne rasé ou au visage barbu ne sont pas antagonistes. Ils se nourrissent, ils se répondent, ils se renforcent l’un l’autre.

Dans le clair-obscur des jours récents surgit la panique, le trouble mais aussi une immense mobilisation populaire. Des milliers, des millions de Français de naissance et de préférence, d’étrangers et nos frères pourtant, se sont unis pour que jamais ne retombe la nuit brune sur le pays des Lumières.

Missak Manouchian est vivant. Nous sommes Manouchian.

Léo Purguette (La Marseillaise, le 10 janvier 2015)

Pour les progressistes, Missak et ses compagnons méritent le Panthéon

À la sortie de la salle d’audience, Julien Harounyan, le Président de la Jeunesse arménienne de France (JAF) qui s’était constituée partie civile, se félicite de la sanction de deux des auteurs de la profanation du buste de Manouchian mais il s’avoue « un peu déçu » par le jugement. « On ne s’attendait pas à une condamnation très lourde mais c’est une affaire tout de même très symbolique », insiste-t-il. « La montée des extrêmes, de l’ignorance, renforce la nécessité de panthéoniser Manouchian et son Groupe. Nous allons redoubler d’efforts pour faire aboutir l’initiative du Député Jean-Marc Germain », ajoute-t-il en rappelant qu’elle est « relayée dans le département par Henri Jibrayel », le Député socialiste des quartiers Nord qui assistait à l’audience.

Jean-Marc Coppola, Vice-Président PCF de la Région Paca, venu au procès en compagnie notamment de sa camarade Conseillère municipale de Marseille Valérie Diamanti, estime également que la place des fusillés de l’Affiche rouge est au Panthéon. Concernant l’audience, Jean-Marc Coppola résume son sentiment : « On découvre deux militants aux idées fascistes, nazies, qui n’assument pas la portée de leurs actes et tentent par lâcheté de minimiser leur implication. » Le mandat syndical de l’un des deux l’interpelle : « C’est la marque d’une banalisation et d’une diffusion très grave des idées d’extrême droite qui appelle une clarification du syndicat auquel il appartient. » Interrogatif sur la vertu pédagogique du travail d’intérêt général appliqué à de tels individus, il suggère qu’ils l’effectuent au camp des Milles pour mesurer la portée des idées qu’ils propagent depuis plusieurs années. « Le Mouvement populaire-Nouvelle aurore qui a revendiqué la profanation est un groupe non-déclaré, j’ai saisi le ministère de l’Intérieur pour sa dissolution. J’appelle au suivi dans la durée de ses membres pour éviter la reconstitution d’autres groupes capables d’autres actes contraires aux valeurs de la République. Les idées racistes, xénophobes, qui attisent la haine et incitent à des passages à l’acte violents ne doivent pas pouvoir circuler librement », martèle-t-il.

Le jugement intervient au début de l’année 2015, hautement symbolique puisqu’elle marque le centenaire du génocide arménien. Pascal Chamassian, de la JAF, lui aussi soutien de la panthéonisation du Groupe Manouchian, ne manque pas de rappeler le programme fourni d’Amnésie internationale et son esprit. « Nous estimons que le gouvernement turc, enfermé dans son négationnisme, est en train de se faire déborder par la société civile turque », affirme-t-il. « Le 23 janvier au camp des Milles puis le lendemain au Mucem, nous rallumerons la flamme du combat pour la reconnaissance du génocide. Taner Akçam, historien et sociologue turc, qui l’évoque depuis les années 1970 et en a payé le prix en étant condamné à de la prison, fera partie de nos invités », précise Pascal Chamassian. « Le négationnisme n’a pas d’issue, c’est une fausse piste que la Turquie doit quitter », considère-t-il, voyant d’abord dans la mobilisation pour la reconnaissance du génocide, une mobilisation pour l’humanité.

La Marseillaise, le 10 janvier 2015

Deux nazillons comparaissent pour la profanation de la stèle Manouchian

le 09 January 2015

Deux nazillons comparaissent pour la profanation de la stèle Manouchian

Justice. Pas inconnus des services de police, les néofascistes de Nouvelle aurore revendiquent un « acte de contestation pacifique » tout en disant ignorer qui était l’homme sur la stèle.

Deux des auteurs présumés de la profanation du 6 septembre dernier de la stèle Manouchian dans le square du boulevard Charles-Livon comparaissent ce matin devant le tribunal correctionnel de Marseille pour « violation ou profanation par quelque moyen que ce soit, de tombeaux, de sépultures, d’urnes cinéraires ou de monuments édifiés à la mémoire des morts ». Ils encourent jusqu’à un an d’emprisonnement et 15.000 euros d’amende. L’association Jeunesse arménienne de France, représentée par Me Serge Tavitian, se constituera partie civile.

À l’appel du Mouvement populaire-Nouvelle aurore (MPNA), une dizaine de personnes portant le tee-shirt de ce groupuscule néo-faschiste non déclaré, s’était rassemblée pour une « action coup de poing » devant la stèle de celui qu’ils désignent comme le « terroriste rouge venu d’URSS » ou le « tueur de Français ». Rappelons que le commandant des FTP-MOI a été fusillé au Mont-Valérien par les nazis le 21 février 1944 avec 22 de ses camarades et que leur panthéonisation est réclamée.

Au cours d’une cérémonie para-militaire, un jeune orateur avait péniblement lu un texte révisionniste grotesque avant d’être interrompu par un leader qui avait insulté la mémoire du résistant communiste arménien : « C’est une balance ! » « Manouchian grosse merde, on ne veut pas de ça à Marseille ! ». Il avait ensuite recouvert la statue d’un drap blanc.

Passant au crible communiqués, photos et la vidéo de la profanation mise en ligne sur la page Facebook du MPNA, les enquêteurs du groupe des violences urbaines à la Sûreté départementale ont eu la « grande surprise » d’y trouver la photocopie d’un rappel à la loi que leur service avait remis le 16 septembre 2014 -dix jours après la profanation- à un militant d’extrême droite connu de leurs services : David Guichard, 42 ans, un gardien d’immeuble était sous le coup d’une procédure d’apologie de crime de guerre après s’être laissé aller à des saluts hitlériens en public. Un rappel à la loi resté sans effet au vu de la nouvelle photo du militant au bras levé trouvée sur la toile.

« Je n’ai aucune affiliation à ce groupe », prétend ce dernier qui dit avoir simplement « assisté » mais « pas participé » à la profanation. « Je ne connaissais même pas ce monsieur représenté sur la stèle, ni même ce qu’il avait fait avant de me rendre au lieu de rassemblement. Je suis resté au garde à vous en écoutant le discours », soutient David Guichard avant d’émettre un regret singulier : « Je voulais voir qui participait à cela et je pensais sincèrement rencontrer des gens de l’extrême droite très dure et je me suis retrouvé avec des jeunes pour la plupart des étudiants. Quand j’ai vu qu’il s’agissait d’une bande de merdeux, cela ne m’a pas intéressé. »

Un ex-agent du PC sécurité du palais de justice de Marseille !

L’autre dur en bermuda marron qui vocifère et agite ses gants noirs est son copain, Olivier Bianciotto, 30 ans, entendu avec lui dans une précédente affaire : l’incendie du radar des Pennes-Mirabeau en novembre 2013 pour lequel une instruction est en cours. Son casier reste vierge de toute condamnation. Bianciotto exerce la fonction de responsable incendie de la tour CMA-CGM. Il tenait auparavant le PC sécurité du palais de justice de Marseille ! C’est lui que l’on voit intervenir au pied de la stèle avec beaucoup d’ascendant sur ses miliciens et qui insulte la mémoire de Manouchian tandis que sa femme enceinte brandit un drapeau. « J’ai aidé à recouvrir la stèle. Ce n’est pas un acte raciste car ce n’était pas dirigé vers les origines de cette personne. Il n’y avait pas d’intention de profanation. Pour moi, c’était un acte de contestation pacifique », se défend-t-il et disant « regretter l’ampleur que cela a pris ». Comme son acolyte, il réfute toute appartenance à Nouvelle aurore créée après la dissolution en juillet 2013 de Jeunesses nationalistes et de l’Œuvre française à la suite de la mort du militant antifasciste Clément Méric. Bianciotto, qui se dit menacé par les antifascistes de Marseille, explique pourtant s’être « rapproché » de ce nouveau groupuscule pour rompre son isolement. Lui aussi affirme tout ignorer de Manouchian et des hommes de l’« Affiche rouge » : « En réalité, je ne sais pas par qui il a été fusillé. Je ne connaissais pas l’histoire de cet homme avant ce jour-là. » Et c’est par « devoir de mémoire » qu’ils justifient leur profanation.

David Coquillé (La Marseillaise, le 9 janvier 2015)

Raphaël Liogier. « L’expression d’un populisme liquide »

Le sociologue et enseignant à l’Institut d’études politiques d’Aix vient de publier Ce populisme qui vient, un essai aux éditions Textuel.

La Marseillaise. La recrudescence d’actes violents revendiqués par des groupes d’extrême droite témoigne-t-elle de leur renforcement militant ou du climat politique qui les décomplexe ?

Raphaël Liogier. Indéniablement des locuteurs officiels tels qu’Éric Zemmour, Alain  Finkielkraut ou Michel Houellebecq ont contribué à faire passer comme naturelles des idées qui étaient loin d’avoir pignon sur rue. Quant au renforcement militant de ces groupes, il est difficile à évaluer car nous avons à faire à une militance d’un nouveau genre, extrêmement fluide. Ces groupes sont volatiles, ils se font et se défont. Leurs militants s’inscrivent dans une société hyper-moderne de consommation de l’appartenance à des groupes. Pour eux, la société se réveille, ils veulent en être les précurseurs, être des héros qui défendent « notre civilisation ». Ce processus n’est pas propre aux groupes d’extrême droite.

La Marseillaise. Vous voyez un parallèle avec la mouvance islamiste ?

Raphaël Liogier. On constate la même volatilité de l’engagement, la même difficulté à les suivre pour les renseignements, la même frustration identitaire et la même volonté d’être des héros. Les uns et les autres participent à une forme de mise en scène sociale qui induit des réactions extrêmes.

La Marseillaise. La volatilité des groupes d’extrême droite semble s’accompagner d’une forme de syncrétisme idéologique. Quelle est votre analyse ?

Raphaël Liogier. C’est ce que j’appelle dans mon livre, le « populisme liquide ». Ils en sont l’expression. Dans les années 1930, les mouvements d’extrême droite avaient une doctrine solide. Aujourd’hui le point fondamental pour eux c’est le sentiment d’encerclement, l’idée que notre peuple, notre culture, notre civilisation est en danger mais l’objet de la menace évolue sans cesse y compris chez les mêmes individus. On est identitaire antisémite à 8h du matin, islamophobe à midi, à 16h on est favorable à la laïcité puis contre car elle menacerait l’identité catholique de la France et serait portée par les franc-maçons, et à 18h on considère que les homosexuels mettent en cause la civilisation. Ce qui les anime est donc moins idéologique qu’opiniologique. C’est cette liquidité des objets de la menace qui caractérise leur discours politique.

Propos recueillis par Léo Purguette (La Marseillaise, le 9 janvier 2015)

Rassemblement devant le tribunal

La Jeunesse arménienne de France (JAF) appelle toutes les personnes soucieuses de la défense des droits de l’Homme et des valeurs de la République à se rassembler ce matin à 8h30 devant le tribunal correctionnel rue Emile-Pollak (6e). Dans un communiqué, signé par Jean-Marc Coppola, le PCF a annoncé qu’il se joindra à cette action. « Car à travers cette profanation, ce sont les communistes qui sont attaqués, c’est la communauté arménienne qui est agressée, ce sont les Résistants qui sont souillés. Mais ce sont aussi les valeurs de la République et la France de la liberté, de l’égalité et de la fraternité qui sont atteintes. De la profanation du buste de Manouchian au massacre de la rédaction de Charlie Hebdo, c’est la même vermine fasciste et obscurantiste qui s’exprime », écrit-il notamment.

Profanation de la stèle de Missak Manouchian

le 08 January 2015

Devant le Tribunal correctionnel de Marseille
Palais de Justice
place Monthyon
13006 - Marseille

Vendredi 9 janvier à 8h30

Sont convoqués deux marseillais accusés d'avoir profané la stèle de Missak Manouchian.

Après Charlie, se rassembler pour la mémoire du groupe Manouchian

le 08 January 2015

Après Charlie, se rassembler pour  la mémoire du groupe Manouchian

Je serai présent devant le tribunal correctionnel de Marseille où deux Marseillais sont convoqués le 9 janvier pour répondre de la profanation d’une stèle érigée à la mémoire des résistants du groupe Missak Manouchian, perpétrée début septembre 2014.

Je serai présent comme je le suis avec mes camarades communistes chaque année pour rendre hommage à notre camarade, au résistant, au jeune héros, Missak Manouchian, arrêté, puis exécuté en 1944.

Rendre hommage à celle et ceux qui ont résisté aux nazis, aux fascistes, aux collabos et transmettre aux jeunes générations la mémoire de l’Histoire afin de ne pas revivre les atrocités de la guerre.

Je serai présent comme nous l’étions en cette journée de la Paix, le 21 septembre dernier, avec toute la communauté arménienne pour condamner les profanations dont la dernière commise en plein jour et en toute impunité est une véritable provocation.

Un acte qui montre la montée et la banalisation de la violence et de l’intolérance.

Nous avions interpellé les ministres de la justice et de l’intérieur et la convocation devant le tribunal correctionnel est une première réponse.

Car à travers cette profanation, ce sont les communistes qui sont attaqués, c’est la communauté arménienne qui est agressée, ce sont les Résistants qui sont souillés par ces révisionnistes et négationnistes. Mais ce sont aussi les valeurs de la République et la France de la liberté, de l’égalité et de la fraternité qui sont atteintes. De la profanation du buste de Manouchian au massacre de la rédaction de Charlie Hebdo, c’est la même vermine fasciste et obscurantiste qui s’exprime.

Le rassemblement du 9 janvier, comme celui de mercredi soir, doit se faire dans la dignité pour réclamer à la justice des sanctions exemplaires. Des sanctions qui ne doivent pas nous acquitter de l’engagement quotidien à combattre la haine, le racisme, la xénophobie qui envahissent notre pays et particulièrement Marseille, dans un climat de banalisation des idées dangereuses du FN.

Jean-Marc Coppola
Vice-président de la Région PACA
Conseiller municipal de Marseille