Collectif culture du PCF

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109e anniversaire de la mort de Louise Michel

le 08 January 2015

Colloque Robespierre

le 08 January 2015

A la Maison de la Région
61, La Canebière
13001 - Marseille

Mercredi 21 janvier à 18h

Le Collectif Robespierre de Marseille vous invite à une table ronde autour du thème de la République, de la Révolution et de l'apport de Robespierre dans la définition de la souveraineté du peuple, de la démocratie, et de l'Intérêt général.

Ce débat traverse depuis 200 ans le mouvement républicain et ouvrier, il a une résonnance particulière aujourd'hui. Il s'agit de remettre en perspective les enjeux à la fois historiques et politique autour de la République, de la démocratie et de la souveraineté du peuple.

Il est également important de se faire réapproprier par les citoyens les données historiques soumises à des interprétations voire des révisions par ceux qui veulent s'attaquer aux fondements même de la Révolution et de la République proclamée après la chute de la Monarchie en 1792. Robespierre est le symbole de ce combat politique et idéologique.

La Table Ronde sera animée par :

  • Michel Vovelle historien de la Révolution
  • Yannick Bosc historien spécialiste de Robespierre
  • Nicole Cohen-Séat Sénatrice Honoraire

Aubagne. Jaurès au repaire d’Aubagne

le 08 January 2015

Au restaurant Le Borsalino
Aubagne

Jeudi 15 janvier à 19h30

Le repaire d’Aubagne accueillera l’historienne, Marion Fontaine qui animera une renconbtre-débat autour du thème  Jean Jaurès, son actualité. Jaurès et la fonction d’homme politique. Le projet politique de Jaurès, républicain et social. Jaurès et la diversité culturelle…

Miramas. Démocratie Année Zéro

le 07 January 2015

Miramas. Démocratie Année Zéro
Cinéma Le Comédia
Miramas

Dimanche 14 janvier à 21h

Au lendemain des résultats des dernières élections présidentielles de Tunisie, les "Films des deux rives" proposent une plongée dans les trois années de lutte tunisienne qui ont ouvert la voie à la première démocratie arabe.

Le film sera présenté par le réalisateur, Christophe Cotteret.

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SYNOPSIS

Quatre semaines. C’est le temps qu’il a fallu au peuple tunisien pour renverser le dictateur Ben Ali et ouvrir le champ au plus grand bouleversement géopolitique de ce début de 21ème siècle.

Mais la révolution tunisienne, aussi inattendue et fulgurante qu’elle ait pu apparaître aux yeux du monde, s’inscrit dans une histoire bien plus large. Le film nous entraîne au cœur des premières révoltes dans le bassin minier de Gafsa en janvier 2008, jusqu’aux premières élections libres d’octobre 2011.

En deux chapitres et un an d’investigation, Démocratie Année Zéro autopsie les coulisses de ces évènements majeurs, à travers le regard des principaux opposants et révolutionnaires.

Documentaire - 98 minutes - 2012 - Belgique (VOSTF)

Revue de presse

  • (…) Un film d’une telle ouverture qu’il ne tourne pas à la propagande et permet à son auteur de poser avec sincérité la question du pouvoir.

    L’Humanité - Dominique Widemann - 5 novembre 2014

  • Plus qu’un documentaire historique, ce récit est une analyse très poussée des ferments d’une mise à bas d’une dictature. A méditer. 

    Studio Ciné Live - Sophie Benamon - novembre 2014

  • Démocratie, année zéro parvient à capter cette nécessité de rendre compte aux yeux du monde de ce qu’il se passe en Tunisie. Et il y parvient avec humilité et brio, faisant de nous les spectateurs privilégiés (et plutôt émus) d’une histoire qui est en train de se faire et qui marquera, à coup sûr, des générations entières de Tunisiens.

    Critikat - Clément Graminiès - 4 novembre 2014

  • Au-délà des faits, ce premier volet d’une histoire récente de la Tunisie évoque de manière émouvante l’esprit fort d’un mouvement populaire et révolutionnaire. 

    Positif - Eithne O’Neill - novembre 2014

  • Docu passionnant. (…) Plus qu’une aventure humaine, une épopée collective, déterminée. Qui, justement, n’est pas terminée.

    Politis - Jean-Claude Renard - 6 novembre 2014

  • [Démocratie année zéro] sonne comme une piqûre de rappel pour les nostalgiques de l’ancien régime. (…) Des images et des témoignages précieux de syndicalistes, de jeunes ou encore de femmes, très actives dans le mouvement de contestation.

    Rue89 - Ramses Kefi - 16 octobre 2014

  • Un passionnant documentaire qui revient sur la révolution de 2011, ses origines et ses enjeux.

    Radio Nova

  • Un sujet complexe que Démocratie Année Zéro traite avec un souci d’humanité qui lui permet d’éclaircir ce moment d’histoire majeur. (…) Un tableau fascinant du futur de la contestation dans le monde arabe du 21e siècle.

    A Voir A Lire - Jean Demblant - 5 novembre 2014

  • Christophe Cotteret aborde, avec un angle élargi, et différent de ce qu’on a l’habitude de voir, la révolution tunisienne. Un documentaire passionnant.

    Paris-Match - Marie Desnos - 4 novembre 2014

  • Démocratie année zéro, replonger dans la révolution tunisienne pour mieux comprendre l’après.

    Le Huffington Post - Sara Taieb - 5 novembre 2014

  • En nous faisant vivre l’intensité du possible qui ouvre à tous les autres possibles, ce film nous aide à éviter la répétition tout en pensant le changement comme une méthode pour retrouver nos pouvoirs. 

    Africultures - Olivier Barlet - 28 octobre 2014

  • Comme une piqûre de rappel de cette lutte tunisienne, qui témoigne un passé qui ne pardonne pas, et un peuple qui n’oublie pas.

    Afrik.com - Refka Payssan - 25 octobre 2014

 

Louise Michel. La « Vierge rouge »

le 04 January 2015

Louise Michel. La « Vierge rouge »

Le 9 janvier 1905, Louise Michel s’éteignait à Marseille. Le 5, celle que Clovis Hugues avait surnommée la « Vierge rouge » était arrivée à la gare Saint-Charles. Malade, elle avait dû interrompre sa tournée de conférences. Soutenue par ses fidèles compagnons Charlotte Vauvelle et Ernest Girault, elle descend, comme à chacun de ses passages à Marseille, à l’hôtel Oasis, boulevard Dugommier, à quelques mètres de La Canebière. Ce sera sa dernière halte. Certains diront son premier repos.

Louise Michel est née à Vroncourt, dans la Haute-Marne, le 29 mai 1830. Sa mère, Marianne, était servante dans le vieux château. Son père, le fils des châtelains, disparut dès qu’il apprit que la jolie servante était enceinte. A une époque où il ne faisait pas bon être bâtard, la vie semblait mal débuter pour la petite Louise. Mais les Demahis, ses grands-parents  paternels, étaient des gens hors du commun : des nobles favorables à la Révolution de 1789, des anti-cléricaux qui lisaient Rousseau et Voltaire. Ils garderont, jusqu’à leur mort, Marianne à leur service et élèveront Louise comme leur propre fille. Elle grandira au vieux château, « cette vaste ruine, où le vent soufflait comme dans un navire. (…) Il faisait un froid glacial dans ces salles énormes ; nous nous groupions près du feu : mon grand-père dans son fauteuil (…) il était vêtu d’une grande houppelande de flanelle blanche, chaussé de sabots garnis de panoufles en peau de mouton. Sur ces sabots-là, j’étais souvent assise, me blottissant presque dans la cendre avec les chiens et les chats »(1).

Ses grands-parents lui apprendront à lire et à écrire, lui feront découvrir des auteurs comme Victor Hugo, Rousseau ou Molière et lui enseigneront la musique et le dessin.

Après la mort de ses grands-parents, elle quitte Vroncourt pour devenir institutrice et ouvre, en 1853, une école à Audeloncourt. Une « école libre », sinon, pour enseigner « il eût fallu prêter serment à l’Empire »(1). Matin et soir, on y chante La Marseillaise, chanson interdite depuis le coup d’État du 2 décembre 1851. Elle rejoint Paris en 1856. Elle enseigne le jour et passe ses soirées à lire et étudier. De cette période où elle découvre les sciences aux cours du soir, date sa rencontre avec des militants socialistes et révolutionnaires : Théophile Ferré, Blanqui, Varlin, Vallès, Rochefort

Son idéal de justice la pousse naturellement vers eux. La vie est rude pour le peuple à cette époque où la journée de travail varie entre 15 et 17 heures. On recensait officiellement 100.000 enfants de moins de 8 ans travaillant dans les manufactures. A Lille, un médecin constatait que, dans le milieu ouvrier, sur 21.000 nourrissons, 20.700 meurent avant l’âge de six ans. En 1862, on dénombrait plus d’un million d’indigents dans la Seine.

« Les filles élevées dans la niaiserie… »

Dans un Second Empire moribond, un peu partout les grèves se multiplient : en 1869, ce sont les mineurs de la Loire et de Carmaux, les canuts de Lyon, les tisserands de Rouen, les fileurs d’Elbœuf et les charpentiers de la Vienne. C’est à chaque fois une répression sauvage.

Louise Michel suit les réunions de l’Alliance Internationale des Travailleurs. Prolongeant son métier d’institutrice, elle donne des cours aux jeunes ouvriers le dimanche, convaincue que l’émancipation des travailleurs passe par l’éducation. Elle veut créer son école et, en 1865, Marianne vend les terres héritées des Demahis pour lui permettre d’acheter un internat à Montmartre.

Louise Michel était une combattante des droits de la femme, de l’égalité de l’homme et de la femme. Elle militait contre les disparités de salaires et pour un droit égal à l’instruction. Il lui est arrivé de s’habiller en garçon pour aller vérifier que l’enseignement donné aux jeunes gens était d’une autre qualité que celui dispensé aux jeunes filles. « Jamais je n’ai compris qu’il y eût un sexe pour lequel on cherchât à atrophier l’intelligence comme s’il y en avait trop dans la race. Les filles, élevées dans la niaiserie, sont désarmées tout exprès pour être mieux trompées : c’est cela qu’on veut. C’est absolument comme si on vous jetait à l’eau après vous avoir défendu d’apprendre à nager, ou même lié les membres »(1).

En 1870, durant le siège de Paris, Louise Michel préside le Comité de Vigilance Républicain du 18e arrondissement. Dès le 18 mars 1871, lorsque Thiers tente de désarmer la garde nationale, elle est au cœur de la Commune. Quand l’assaut est donné par les Versaillais, elle devient ambulancière puis combattante. On sait comment la Commune sera écrasée dans un bain de sang : au moins 30.000 morts entre le 21 et le 28 mai, la Semaine Sanglante. « On ne fusillait pas qu’au Luxembourg, on fusillait au coin des rues, dans les allées des maisons, contre les portes. Partout où l’on trouvait un mur pour y pousser les victimes. Des couples élégants se rendaient à cette boucherie comme à un spectacle. La grande tuerie était au Luxembourg ; mais on tuait aussi à la Monnaie, à l’Observatoire, à l’École de Droit, à l’Ecole Polytechnique, au Panthéon, au Collège de France, au Marché Maubert. Ce qui épouvantait le regard, c’était le spectacle que présentait le square de la Tour St-Jacques. Les grilles en étaient closes. Des sentinelles s’y promenaient. Partout de grandes fosses ouvraient le gazon et creusaient les massifs. Au milieu de ces trous humides, fraîchement remués par la pioche, sortaient ça et là des têtes et des bras, des pieds et des mains… » (2)

Récit Raymond Bizot (La Marseillaise, le 4 janvier 2015)

(1) L. Michel, Mémoires, 1886
(2) M. Vuillaume, Mes cahiers au temps de la Commune, 1909

Extrême droite. Deux accusés de la profanation du buste Manouchian devant la justice

le 03 January 2015

Extrême droite. Deux accusés de la profanation du buste Manouchian devant la justice

Deux hommes passeront devant le tribunal le 9 janvier pour répondre de la violation du monument rendant hommage au résistant FTP-MOI, revendiquée par un groupe de nazillons.

Du nouveau dans l’affaire de la profanation du buste de Missak Manouchian : deux Marseillais arrêtés le 16 décembre et présentés au juge le lendemain se sont vu délivrer une convocation par procès verbal pour « violation de monument édifié à la mémoire des morts ». Les deux hommes, âgés de 30 et 42 ans, définis comme « sympathisants d’extrême droite » par le parquet de Marseille, passeront devant le tribunal correctionnel le 9 janvier, selon Le Monde qui rapporte l’information.

La profanation le 6 septembre dernier du buste du résistant FTP-MOI, avait en effet été revendiquée et filmée par un groupuscule néo-fasciste, le Mouvement populaire-Nouvelle aurore.

Un cap franchi

Mise en lumière et dénoncée par La Marseillaise, la cérémonie aux allures paramilitaires qui s’était tenue en plein jour faisait suite à l’inscription anonyme d’une croix gammée sur le même buste quelques mois auparavant. Sur le document vidéo publié sur Internet et toujours en ligne, on peut notamment entendre : « Manouchian grosse merde on veut pas de ça à Marseille ! » Le chef de cérémonie dénonce le « terrorisme » du Groupe Manouchian qui a exécuté « un Français, Julius Ritter, qui était responsable de la main d’œuvre française. Un bon Français qui n’avait rien demandé. » Pour mémoire, il s’agit de l’officier SS allemand qui coordonnait en France le service du travail volontaire.

Les FTP-MOI ne regroupaient « que des juifs, des Arméniens et des Zhongrois » (sic), dénonce-t-il encore avant que des jeunes gens vêtus d’un t-shirt aux couleurs de leur groupuscule ne recouvrent la statue du résistant communiste « d’un tissu masquant cette atrocité », précise la vidéo.

L’acte avait suscité une vague d’indignation : Julien Harounyan pour la Jeunesse arménienne de France (JAF), Jean-Marc Coppola, Vice-Président de Région (PCF), et Marie-Arlette Carlotti, ancienne Ministre et Députée PS, avaient demandé la dissolution du groupuscule qui se situe au carrefour des mouvances de l’extrême droite comme en témoigne sa page Facebook. On peut y voir pêle-mêle une carte de vœux à l’effigie de José Antonio Primo de Rivera, icône du régime franquiste, un commentaire du Rassemblement bleu marine du Pays Basque souhaitant le meilleur pour 2015 aux « camarades » du Mouvement populaire-Nouvelle Aurore, une note s’émouvant des ennuis judiciaires des deux militants en cause mais se réjouissant qu’aucune charge n’ait été retenue contre un troisième, un message du parti néo-nazi grec Aube dorée relayé ou encore la vidéo d’un hommage aux tueurs de l’OAS devant la stèle de Marignane.

Panthéoniser les résistants de l’Affiche rouge

Sans préjuger de l’issue du procès, Julien Harounyan se félicite de l’avancée de l’enquête : « Le rassemblement que nous avons organisé et l’action des parlementaires des Bouches-du-Rhône qui ont saisi le Président de la République, le Premier Ministre et le Ministre de l’Intérieur y ont contribué », estime-t-il. « Sans attendre, nous allons relancer la campagne pour la panthéonisation du Groupe Manouchian pour le placer au rang qu’il mérite », annonce le responsable de la JAF.

Léo Purguette (La Marseillaise, le 3 janvier 2015)

Le « Maitron » des anarchistes

le 03 January 2015

Au Centre International de Recherche sur l'Anarchisme
50, rue Consolat
13001 - Marseille

Samedi 10 janvier à 17h

Le « Maitron » des anarchistes présenté par Gérard Leidet, Thierry Bertrand et Françoise Fontanelli.

Entrée libre

La collection du « Maitron », célèbre dictionnaire biographique du mouvement ouvrier propose un nouveau volume consacré aux anarchistes. Son fondateur, Jean Maitron fut le premier historien en France du mouvement libertaire.

Fruit d’un travail collectif initié par Claude Pennetier (chercheur au CNRS, directeur du « Maitron »), ce dictionnaire de 528 pages a pour ambition de célébrer un siècle et demi de lutte en redonnant leur place aux principaux acteurs du mouvement libertaire : les militantes et les militants.

Cinq cents biographies, dont soixante sont illustrées, ont été retenues pour le dictionnaire papier, avec le souci de respecter la diversité du mouvement libertaire.

L’équipe des rédacteurs a souhaité dépasser les frontières hexagonales en intégrant les biographies de militants suisses, belges, québécois, de ceux partis pour les États-Unis ou de militants dont l’impact ou le rôle en France furent très importants (Bakounine, Max Nettlau).

À ce dictionnaire papier s’ajoutent plus de 2 500 biographies consultables sur Internet.

Gérard Leidet de l'association Provence, mémoire et mouvement ouvrier (Promémo) sera présent pour parler du « Maitron » en général, alors que Thierry Bertrand, du CIRA, et Françoise Fontanelli présenteront le « Maitron » des anarchistes en illustrant leur causerie de plusieurs biographies de militantes et militants des Bouches-du-Rhône.

Les anarchistes : dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone. Éditions. de l’Atelier, 2014. 527 pages. (Collection Jean Maitron). 50 euros.

UPR. Recul et avenir du PCF

le 30 December 2014

Appropriation de l'espace public ? Quelle drôle d'idée

le 26 December 2014

Jaurès et la langue d’Oc

le 21 December 2014

Jaurès et la langue d’Oc

Histoire. Dans la famille de Jean Jaurès, dont on commémore le centenaire de sa mort, on parle français et on utilise l’occitan à l’occasion.

Au XIXe siècle, utiliser le français marque un statut social, tandis que le peuple parle les langues régionales.

Avec les enfants de son âge Jaurès parle occitan sauf à l’école où on fait la chasse aux « patois ».

Jaurès n’emploie pas les termes « Occitanie » ou « occitan », mais « Midi » et « langue méridionale ». Il utilise souvent le terme de « patois » très utilisé alors, terme qu’il mettra bientôt entre guillemets.

Il est élu Député du Tarn en 1885. C’est alors un républicain modéré d’éducation bourgeoise et très religieuse. Il affirme combattre les socialistes qui veulent « remuer les pavés et les barricades et faire couler le sang des Français ». Il va découvrir le monde des mineurs puis, enseignant à l’université de Toulouse, le prolétariat urbain. A Carmaux, se succèdent grèves et répressions des mineurs et des verriers.

C’est dans les années 1889-1892 que Jaurès vient aux idées socialistes et se réclame du « socialisme collectiviste et communiste qui veut transformer la propriété capitaliste en propriété socialiste ». Il a acquis la conviction que les prolétaires sont seuls capables de se battre pour autre chose que pour eux-mêmes, pour désaliéner toute la société. Et il parle ainsi des gens du Midi : « Nul n’a plus de respect que moi pour ces populations vaillantes qui depuis si longtemps luttent pour la République : elles l’ont soutenue de leur vote aux heures difficiles ; elles l’ont soutenue de leur sang et de leur liberté aux heures tragiques ; peu de régions de France ont compté plus de combattants de l’idée républicaine et plus de proscrits »(1).

A cette époque, l’Église utilise les langues régionales dans ses prêches pour combattre les idées républicaines, en particulier lors de la séparation des Églises et de l’État. Certains, comme les radicaux, font alors l’amalgame entre cultures régionales et idées réactionnaires.

Jaurès a lu les troubadours et les auteurs occitans de son époque : Mistral, Aubanel, Fourès… Mais, enseignant de la IIIe République, il privilégie le français, avant d’affirmer son attachement à la langue d’Oc.

« J’ai le goût le plus vif pour la langue et pour les œuvres de notre Midi, du Limousin et du Rouergue au Languedoc et à la Provence. J’aime entendre notre langue et j’aime la parler. Dans les réunions populaires les paysans et les ouvriers (…) aiment bien quand on leur a parlé en français, qu’on s’adresse aussi à eux dans notre langue du Midi. Cela crée entre celui qui parle et ceux qui écoutent une intimité plus étroite »(2).

Pour lui, il faut partout reconnaître et accepter la diversité ethnique, donc défendre les cultures minoritaires qu’un Etat centralisateur s’efforce de gommer. Politiquement, il défend aussi bien le pluralisme culturel des pays du Maghreb qu’il demande le développement des cultures régionales en France.

La langue occitane doit être enseignée : « Pourquoi ne pas profiter de ce que la plupart des enfants de nos écoles connaissent et parlent encore ce qu’on appelle d’un nom grossier "le patois". Ce ne serait pas négliger le français : ce serait le mieux apprendre, au contraire que de comparer familièrement dans son vocabulaire, dans sa syntaxe, dans ses moyens d’expression avec le languedocien et le provençal. Ce serait, pour le peuple de la France du Midi, le sujet de l’étude linguistique la plus vivante, la plus familière, la plus féconde pour l’esprit. Par là serait exercée cette faculté de comparaison et de discernement, cette habitude de saisir entre deux objets voisins les ressemblances et les différences, qui est le fond même de l’intelligence. »

Ce serait, pour les élèves, « la révélation que tout subsiste et que tout se transforme. Le parler de Rome a disparu, mais il demeure jusque dans le patois de nos paysans comme si leurs chaumières étaient bâties avec les pierres des palais romains. (…) Il serait facile aux éducateurs, aux maîtres de nos écoles de montrer comment aux XIIe et XIIIe siècles, le dialecte du Midi était un noble langage de courtoisie, de poésie et d’art ; comment il a perdu le gouvernement des esprits par la primauté politique de la France du Nord, mais que de merveilleuses ressources subsistent en lui ! »(3)

Au cœur du débat les langues régionales

Il s’exprime à nouveau dans la Revue de l’enseignement primaire du 15 octobre 1911 : « J’ai été frappé de voir, au cours de mon voyage à travers les pays latins que, en combinant le français et le languedocien, et par une certaine habitude des analogies, je comprenais en très peu de jours le portugais et l’espagnol. J’ai pu lire, comprendre et admirer au bout d’une semaine les grands poètes portugais. Dans les rues de Lisbonne, en entendant causer les passants, en lisant les enseignes, il me semblait être à Albi ou à Toulouse. Si, par la comparaison du français et du languedocien ou du provençal, les enfants du peuple, dans tout le Midi de la France, apprenaient à trouver le même mot sous deux formes un peu différentes, ils auraient bientôt en main la clef qui leur ouvrirait, sans grands efforts, l’italien, le catalan, l’espagnol, le portugais. Et ils se sentiraient en harmonie naturelle, en communication aisée avec ce vaste monde des races latines, qui aujourd’hui, dans l’Europe méridionale et dans l’Amérique du Sud développe tant de forces et d’audacieuses espérances. Pour l’expansion économique comme pour l’agrandissement intellectuel de la France du Midi, il y a là un problème de la plus haute importance, et sur lequel je me permets d’appeler l’attention des instituteurs. »

On ne peut que s’étonner, en cette année marquant le centenaire de la disparition de Jean Jaurès, que ceux qui se proclament ses héritiers n’aient pas encore ratifié la Charte européenne des langues minoritaires. La France est à ce jour un des rares pays à ne pas reconnaître les langues régionales comme faisant partie du patrimoine culturel de l’Europe.

Raymond Bizot (La Marseillaise, le 21 décembre 2014)

La Dépêche : (1) 18-03-1897, (2) 27-09-1909, (3) 15-08-1911