Conseil municipal du 11 décembre 2014
Exposé
Au cours du conflit de 1914 à 1918, dont tous les historiens s'accordent à démontrer la sauvagerie, des soldats, plus tard dénommés les «fusillés pour l'exemple», furent passés par les armes après des conseils de guerre improvisés et sommaires et sous des prétextes divers.
Il est important de replacer ces faits dans le contexte d'une guerre qui a marqué l'entrée dans le massacre de masse : mobilisation de 70 millions d'hommes dans le monde, 10 millions de morts, 20 millions de blessés, 640 000 veuves, 760 000 orphelins, 740 000 mutilés... ces chiffres ne traduisant pas, bien sûr, un traumatisme à grande échelle dont les stigmates se voyaient déjà dans les tranchées.
Sur un front qui n'était qu'un immense charnier, sous les obus et la mitraille, des hommes ont souffert, douté, ont eu peur ; d'aucuns ont refusé de partir à l'assaut, de tuer à l'époque où le statut d'objecteur de conscience n'existait pas, ou encore d'obéir à des ordres donnés par des officiers incapables de protéger leurs hommes.
Malgré les conditions exceptionnelles dans lesquelles ont agi - ou refusé d'agir - ces hommes, souvent très jeunes, l'absence de toute disposition de réhabilitation persiste à les faire considérer comme des lâches ou des traîtres, flétrissant ainsi leur mémoire et jetant l'opprobre sur leurs descendants.
Malgré un mouvement pour leur réhabilitation qui débuta dès la fin de la première guerre mondiale, seules quelques réhabilitations isolées furent obtenues. La matinée culturelle consacrée à l’affaire du XV° Corps, qui a été proposée à l’Espace Jean Ferrat, le 11 novembre dernier, a contribué à renforcer notre opinion.
Avec le début de la célébration du centenaire, il nous est apparu, comme à nombre d’associations, de collectivités, de parlementaires d’en appeler, au-delà du devoir de mémoire, non pas de rouvrir les procès individuellement, pas plus de pardonner, de gracier ou d'amnistier, mais de réhabiliter pleinement, publiquement, collectivement, c'est-à-dire accorder réparation d'un déni de justice majeur dont ont été victimes des innocents, victimes d'un système qui les a broyés.
Si nous avions dans notre commune eu un tel cas, le Maire aurait proposé, d’inscrire ce nom sur notre monument aux morts.
Pour autant il nous paraît qu'il est plus que temps de mettre un terme à un tel déni et de réunir enfin en une seule et même mémoire apaisée tous ceux qui, durant cette guerre, sont morts pour la France.
Délibération
Vœux pour la réhabilitation publique des soldats fusillés pour l’exemple lors de la Guerre 1914-1918
Considérant qu’au cours du conflit de 1914 à 1918, des soldats, plus tard dénommés les «fusillés pour l'exemple», furent passés par les armes après des conseils de guerre improvisés et sommaires et sous des prétextes divers ;
Considérant les travaux d’historiens qui ont démontré l’arbitraire, la précipitation, le non-respect des principes élémentaires de la défense, voire la manipulation ;
Considérant, qu’en cette période de célébration du centenaire de cette Guerre il est plus que temps de mettre un terme à un tel déni et de réunir enfin en une seule et même mémoire apaisée tous ceux qui, durant cette guerre, sont morts pour la France.
Le Conseil municipal, oui l’exposé du rapporteur, souhaite que la République prenne la décision de reconnaître les soldats fusillés pour l’exemple comme des citoyens à part entière en les réhabilitant collectivement.