Collectif culture du PCF

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Alain Hayot / Contribution au Forum d'Avignon - 13 juillet 2011

 
 

Création, appropriation populaire et démocratie : quel projet le Front de Gauche doit-il porter ?

Par Alain Hayot, Avignon, 13/07/11 Parce que nous sommes historiquement associés à la création du Festival, les communistes sont présents chaque année à Avignon  pour être à l’écoute de ce formidable lieu de création et de partage, théâtre d’œuvres et théâtre d’idées. Nous prenons activement notre place dans les débats sur les enjeux culturels comme dans les mobilisations des travailleurs du spectacle contre toutes les atteintes à leurs droits et les politiques publiques régressives. Nous sommes là enfin pour aider à la formation de nos élus à la culture, très nombreux dans les collectivités territoriales à mener un combat quotidien par ces temps de contre-réforme. Mais la grande nouveauté de notre présence cette année, c’est le choix que nous avons fait d’inscrire notre présence dans le cadre du Front de Gauche. Quelques mots sur ce qu’est le Front de Gauche : face aux silences et aux approximations des médias cela n’est pas inutile. Le Front de Gauche n’est pas une énième tentative de créer une organisation de plus à la gauche de la gauche. Ce n’est pas non plus un cartel d’organisation ou encore une alliance de circonstance en vue des présidentielles. C’est une volonté partagée par plusieurs partis ou courants de gauche (PCF, PG, GU, rejoints par la FASE, Convergence et alternative, République et socialisme), mais aussi des militants syndicaux, associatifs ou de simples citoyens, de créer les conditions d’une dynamique politique nouvelle au cœur de la gauche, afin de battre la droite et l’extrême droite tout en reconstruisant une gauche de combat, une gauche populaire, écologique et citoyenne, pour inventer un autre avenir à la France et à l’Europe. Parce que nous avons voulu affirmer cette volonté de rassemblement, les communistes ont fait le choix historique de désigner comme candidat à la présidentielle une personnalité qui n’est pas issue de ses rangs, Jean-Luc Mélenchon. Je veux dire, au nom du PCF et de Pierre Laurent combien nous sommes confiants dans la qualité de la campagne collective que nous allons mener avec lui. Parce qu’il porte à cette élection un programme partagé, élaboré avec vous, qui n’est pas bouclé et qui s’enrichit chaque jour des Forums que nous tenons dans tout le pays. Je veux vous faire part des nombreuses discussions que j’ai depuis quelques jours à Avignon en allant à la rencontre des festivaliers pour les inviter à notre forum. Une majorité d’entre eux, des jeunes en particulier, approuvent notre démarche et ont envie de s’y investir. À nous de répondre à cette attente. Mais je dois à la vérité de dire que j’ai aussi été interpellé par des électeurs ou des sympathisants communistes qui sont troublés par notre choix et notre démarche, craignant notre effacement. Je veux leur dire à nouveau que ce que nous sommes en train de faire n’est pas de dissoudre l’espérance communiste, de créer un nouveau parti ou de refaire un « Programme commun »… Ce que nous voulons, c’est créer un élan populaire comme celui qui a porté le Front populaire en 36, ou encore celui qui en 2005 a porté et emporté le NON au référendum sur le TCE. Je les ai appelés et je le refais ici à devenir actrices et acteurs du Front de Gauche. C’est le meilleur moyen de répondre à leurs préoccupations et surtout aux espoirs de tous ceux qui à gauche sont en attente d’autre chose que le spectacle déprimant des primaires… C’est ce que nous avons fait en créant le Front de Gauche de la Culture, avec des militants et des acteurs culturels issus d’horizons divers. C’est un événement qui marquera la campagne comme le dit aussi Jean-Luc Mélenchon dans le dernier nunméro de la revue Cassandre. Nous avons déjà tenu deux Forums, à Paris et à Marseille. Avignon est le troisième. Il y en aura d’autres : à Montpellier sur la diversité culturelle, dans les Hauts-de-Seine sur les médias… Il faut libérer la soif de changement. Il faut associer chacune et chacun d’entre vous à son invention. Il faut s’inspirer des vents de révolte qui montent du sud de la Méditerranée et du sud de l’Europe afin de faire reculer le sentiment d’impuissance et faire grandir le désir d’autre chose. C’est une immense question politique mais n’en doutons pas, c’est aussi une immense question culturelle. Plus que jamais je crois que la culture est un enjeu transversal à toute l’action publique. C’est celui qui donne le sens et l’ambition de notre combat émancipateur. C’est celui qui contribue à faire reculer les dominations et les aliénations, celles entre autres qui discriminent, excluent, ou qui tentent d’écarter les peuples de la chose politique, de la maîtrise de leur destin et de la conquête de leur liberté. À l’envers de la « culture pour chacun » -chacun dans sa communauté, chacun dans sa religion, chacun dans son quartier, chacun devant sa télé, chacun seul face au marché des produits culturels…, nous devons être convaincus que la culture n’est populaire que quand elle s’inscrit dans un processus d’émancipation, que si elle « fait civilisation ». La culture sans l’art et les artistes, c’est au mieux une animation « sociale », cautère sur une jambe de bois, au pire c’est la téléréalité ou la Star’ac…Être convaincu que l’art est un formidable vecteur de représentation et de transformation du monde. Il suffit pour cela de l’inscrire dans un immense partage du sensible et des imaginaires. C’est pourquoi une politique culturelle de gauche doit faire vivre dans un même mouvement deux exigences, et je suis bien d’accord avec Eric Favey :

  • celle qui garantit une liberté totale d’expression et de création, contre toute forme d’instrumentalisation politique et d’asservissement économique, contre toute forme de jdanovisme ou de populisme, quel qu’il soit et d’où qu’il vienne.
  • celle qui crée les conditions d’une vaste appropriation populaire des œuvres et des pratiques artistiques en termes d’éducation, de production et de diffusion.
Il nous faut impérativement revenir sur la rupture que nous avons laissé s’établir, à partir de 1959, entre la création et l’éducation populaire, y compris sur le plan institutionnel. Il faut refonder le service public de la culture avec l’état et les collectivités territoriales, en finir avec la RGPP ici et là. Dès maintenant nous ne devons pas accepter que des collectivités de gauche accompagnent le retrait de l’état. Élaborer une loi d’orientation et de programmation qui fixe l’ambition politique et qui accorde les moyens à la hauteur des enjeux civilisateurs et émancipateurs, mais aussi de la part noucvvelle que l’art et la culture ont pris dans nos sociétés. 1 % du PIB est un seuil à atteindre dans un premier temps. Les communistes sont plus que jamais convaincus que la création artistique, le partage de l’imaginaire et de la sensibilité est indispensable à tous pour rêver l’utopie, penser l’avenir et construire le changement, pour reprendre un propos de Roland Gori dans ce même numéro de Cassandre  : « Il ne saurait y avoir d’émancipation politique sans émancipation culturelle ». Jaurès et Gramsci n’auraient pas dit mieux…

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